dimanche 5 février 2012

L’Amérique et ses alliés font du surplace au Moyen-Orient


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Le secrétaire général de l’ONU Ban-Ki Moon et Barack Obama

La tendance générale

L’Amérique et ses alliés font du surplace au Moyen-Orient
Les États-Unis et leurs alliés arabes ont reçu un camouflet dimanche, lorsque le Conseil ministériel de la Ligue arabe a ignoré la demande de déploiement de forces arabes en Syrie et a décidé de proroger d’un mois la mission des observateurs, au grand dam de l’Arabie saoudite et de l’opposition syrienne. Riyad a ainsi décidé de retirer ses observateurs déployés en Syrie et le Conseil national syrien –sous influence turco-occidentale- a rejeté la décision de la Ligue.
Ces développements traduisent les réels rapports de forces au Moyen-Orient que ni campagne médiatique, ni intimidations verbales ne peuvent modifier. En effet, après le retrait de l’armée US d’Irak, l’Iran et la Syrie sont apparus comme les vainqueurs de la guerre des États-Unis. Bagdad n’a pas tardé à rejoindre l’axe de la Résistance. Cette alliance se donne pour objectif de refouler l’influence d’Israël, de l’Arabie saoudite et de la Turquie, des leviers de la domination US au Moyen-Orient. Les amis de l’Iran, de l’Irak et de la Syrie sur la scène internationale (les Brics), entendent mettre un terme au monde unipolaire qui a été à l’origine ces deux dernières décennies d’une quinzaine de guerre dévastatrices menées au nom de la démocratie et des droits de l’homme.
Sur le terrain en Syrie, Damas, Alep et la plupart des grandes villes –à part Homs- mènent une vie normale, malgré le rationnement de l’électricité causé par les sabotages des infrastructures menés par les groupes armés, et les sanctions européennes. L’autosuffisance alimentaire, le commerce ainsi que le soutien économique de la Russie, de l’Irak et de l’Iran atténuent l’effet de la crise, permettant à l’économie syrienne de résister.
Sur le plan militaire, les zones d’instabilité se limitent à des poches rebelles réparties dans quatre provinces : Homs, Hama, Idlib et Deraa. Les dix autres provinces restent relativement stables. Le retard dans la reprise des quartiers rebelles de Baba Amr et Bab Sbah, à Homs, découle de la volonté des autorités syriennes de ne pas heurter les positions arabes, de ne pas embarrasser la Russie au Conseil de sécurité, et, surtout, d’éviter les erreurs du passé.
Conscient des véritables rapports à l’intérieur de la Syrie qui ne sont pas du tout en faveur de l’opposition, l’émir du Qatar, cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, a proposé l’envoi de troupes arabes en Syrie « pour arrêter l’effusion de sang », alors qu’il finance l’armement des groupes extrémistes et leur accorde des tribunes politiques et médiatiques. Mais sur le terrain, les pays arabes ainsi que le Conseil de sécurité ne disposent d’aucun moyen pour forcer l’envoi de troupes arabes ou étrangères en Syrie.
À cet égard, le chef de la diplomatie russe a fixé le cadre dans lequel les puissances occidentales peuvent se mouvoir en espérant obtenir le soutien de Moscou. Au cours d’une conférence de presse à Moscou, Sergueï Lavrov a averti que la Russie était prête à user encore une fois de son droit de veto pour bloquer toute résolution dépassant les limites qu’elle a fixées pour gérer les dossiers syrien et iranien. « Nous ne soutiendrons aucune sanction contre Damas », a-t-il dit, ajoutant que tout État qui souhaite une intervention militaire en Syrie ne recevrait « aucun mandat du Conseil de sécurité de l’Onu ». Si des États veulent « à tout prix recourir à la force, il est peu probable que nous puissions nous y opposer. Mais que cela reste à leur propre initiative et relève de leur conscience. Ils n’auront aucun mandat du Conseil de sécurité des Nations Unies », a ajouté le ministre russe des Affaires étrangères.
Le Conseil national syrien (CNS), parrainé par l’Occident, la Turquie, et les pétromonarchies du Golfe, ne dispose d’aucune stratégie, à part exiger une intervention militaire étrangère contre la Syrie, voire l’invasion du pays et l’établissement d’une zone d’une zone tampon protégée par une zone d’exclusion aérienne.
Les appels des Frères musulmans à l’invasion de la Syrie constituent un choix de guerre civile qui coupe la Syrie en deux camps irréconciliables et rallie actuellement la majorité silencieuse et les apolitiques au pouvoir.
Dans ce contexte, on voit mal comment l’Occident et ses alliés régionaux pourront réaliser leurs objectifs en Syrie et ailleurs.

La tendance au Liban

La mission de Geagea et Gemayel : Amadouer les chrétiens d’Orient
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, et le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, sont impliqués dans un nouveau projet de l’administration Obama et de ses alliés régionaux qui consiste à éloigner les chrétiens d’Orient de l’axe de la Résistance et de les convaincre de cautionner leur plan visant à amener au pouvoir les Frères musulmans.
Le volet libanais de ce projet a été confié à l’ancien président de la République, Amine Gemayel, qui a reçu Ahmet Davutoglu lors de sa visite à Beyrouth les 14 et 15 janvier. Le ministre turc, qui avait également visité le patriarche maronite, a déclaré que les « chrétiens ne doivent pas payer le prix du printemps arabe ». M. Gemayel parraine ainsi les préparatifs pour l’organisation d’un sommet islamo-chrétien à Ankara, consacré à tous ces thèmes.
Dans le même temps, des efforts tous azimuts sont en cours pour promouvoir Samir Geagea au titre de « leader des chrétiens d’Orient » et chef de file des minorités qui ne craignent pas le pouvoir des Frères musulmans.
Un déplacement au Kurdistan irakien, devenu un fief du Mossad et de la CIA, et un voyage en Arabie saoudite, ont été organisés à l’ancien chef de guerre chrétien libanais. Il a certainement obtenu un fort soutien financier à Riyad et reçu en cadeau des investissements pétroliers au Kurdistan.
M. Geagea pourrait bientôt se rendre en Jordanie et peut-être en Égypte, où il souhaite rencontrer le Pape copte Chénouda III. L’objectif est de démentir la théorie selon laquelle le régime syrien protège les minorités et de paver la voie au règne des Frères musulmans et de la mouvance islamiste en général dans le monde arabe.
Samir Geagea n’a pas hésité longtemps avant d’accepter cette nouvelle mission surtout qu’elle lui permettra de faire de la concurrence à celui qu’il considère comme son éternel rival le général Michel Aoun.

Déclarations et prises de positions

- Nabih Berry, président du Parlement libanais
« Le grand complot contre la région porte le nom de Grand Moyen-Orient. Il vise à attiser les divisions ethniques, religieuses et confessionnelles. Jusqu’à présent, le Liban a réussi à écarter le spectre de la discorde. D’aucuns critiquent la politique consistant à se dissocier de la crise syrienne. Je suis convaincu que cette politique sert les intérêts du Liban. Il est d’ailleurs curieux de constater que ceux qui prônaient la neutralité du Liban il y a quelque temps veulent aujourd’hui le voir prendre parti, sans tenir compte des conséquences néfastes qu’une telle attitude pourrait avoir sur lui. Une discorde ou une partition en Syrie n’auraient-elles pas des conséquences sur le Liban. »
- Cheikh Naïm Kassem, secrétaire général adjoint du Hezbollah
« La mission de Ban Ki-moon à Beyrouth a échoué. Les responsables l’ont informé qu’ils n’acceptaient pas que le Liban soit utilisé comme base arrière pour attaquer la Syrie et que son territoire soit transformé en sanctuaire pour des groupes armés. Le gouvernement a protégé et renforcé le Liban en adoptant la formule armée-peuple-résistance et en refusant qu’il soit utilisé contre la Syrie. »
- Walid Joumblatt, leader druze libanais
« La Syrie est en train de glisser vers davantage de violence, et sans doute une guerre civile, parce que le président Assad n’écoute personne et n’entend pas les conseils de ceux qui appellent à un changement à l’intérieur et ou à l’extérieur du pays. Les contacts entre moi et Bachar al-Assad sont rompus depuis sept mois. A chaque regain de violence, les risques de division augmentent entre la majorité sunnite et la minorité alaouite, à laquelle le président syrien appartient. Depuis le début de la crise, Assad a ignoré et balayé d’un revers de la main des demandes américaines, chinoises et russes, et même celles provenant de son ex-allié, le Premier ministre turc Erdogan, convergeant toutes vers le même but : désamorcer la mèche par l’application rapide de réformes politiques. Au lieu de cela, Assad a évoqué un complot ourdi contre la Syrie et essayé de dynamiter l’intifada populaire par la force. Il existe un lien politique et familial très profond entre le président syrien et le Premier ministre turc. Mais il n’écoute personne. L’initiative arabe reste le seul espoir. Mais l’avenir est très sombre, à moins d’un miracle. »

Revue de presse

- As Safir (Quotidien libanais proche de la majorité-20 janvier 2012)
Les empreintes de plus de quatre millions de Libanais sont aux mains d’une entreprise française privée qui a conclu un partenariat avec un établissement militaire israélien. Si le ministre de l’Intérieur Marwan Charbel a assuré que cette base de données est la propriété du ministère de l’Intérieur et qu’elle est conservée à la Banque du Liban, une hypothèse doit toujours être prise en considération : il est possible que cette base de données, au vu du partenariat entre la société SAGEM et la société israélienne Elbit, soit parvenue depuis longtemps aux mains de l’ennemi israélien.
Le ministre Charbel a affirmé ne pas être au courant du partenariat précité, et a annoncé avoir l’intention de prendre toutes les mesures nécessaires pour tirer les choses au clair : Si ces informations s’avèrent bien fondées, il soulèvera immédiatement la question en Conseil des ministres pour faire le nécessaire, en ayant en vue l’intérêt suprême du pays. Selon des sources ministérielles, la question sera soulevée par les deux ministres du Hezbollah lors de la prochaine séance du Conseil des ministres. Mais ces sources ne pensent pas que la question puisse donner lieu à un nouvel accrochage gouvernemental.
- As Safir (20 janvier 2012)
Nabil Haitham
La Finul sera-t-elle affectée par l’onde de choc du séisme financier en Europe ? Un haut responsable politique prend au sérieux l’hypothèse selon laquelle le séisme ayant frappé, entre autres, la France, l’Italie et l’Espagne, qui représentent la colonne vertébrale de la Finul, certains pays membres de la force internationale pourraient se retirer du Liban-Sud ou réduire leurs effectifs.
Selon le même responsable, certaines personnalités libanaises rentrées dernièrement de Paris ont eu l’impression qu’une sérieuse réflexion sur l’utilité du maintien en place des forces françaises à l’étranger, au Liban ou ailleurs, est en cours. Et ce n’est pas sans rapport avec la crise financière qui frappe l’économie française. Un responsable libanais de haut niveau aurait même été informé que la France envisage de retirer quelques centaines de soldats de son contingent. Ces informations confirment celles transmises par des visiteurs français à leurs interlocuteurs libanais : à cause de l’aggravation de la crise économique, et de l’approche des élections législatives et présidentielles, l’orientation générale va dans le sens du retrait des soldats français du Liban.
Même si la France souhaite retirer ses Casques bleus, elle pourrait ne pas être en mesure de le faire, selon un ancien diplomate libanais. En effet, une telle initiative paralysera la Finul et sera un véritable camouflet pour la résolution 1701. Par ailleurs, La France déclenchera ainsi un effet domino et encouragera d’autres pays européens, notamment l’Italie et l’Espagne, à lui emboîter le pas. Ensuite, la France, en mettant fin à son rôle au sein de la Finul, serait en train de rompre avec son rôle au Liban et sa relation historique avec ce pays. Enfin, la Finul représente un facteur de stabilité au Liban-Sud ce qui sert les intérêts aussi bien du Liban que d’Israël et ses alliés occidentaux. Même si la France décide de retirer ses Casques bleus, les Etats-Unis et Israël seront les premiers à l’en dissuader.
- As Safir (19 janvier 2012)
Haïfa Zéaïter
Nous ne pouvons ignorer le contrat de joint venture conclu entre SAGEM et la société israélienne Elbit Systems au mois de septembre 2010. Le ministère de l’Intérieur a tenté d’enrayer le scandale en faisant paraître une mise au point pour rassurer les Libanais. Ce communiqué précise que la société Morpho, entreprise du groupe SAGEM, « est consciente du danger que représenterait une éventuelle fuite d’informations » Ces propos sont corroborés par le site électronique de Morpho, qui met l’accent, sous le chapitre « éthique », sur la parfaite confidentialité des informations. Toutefois, au plus fort de la guerre qui fait rage aux niveaux technologique et militaire et sur le plan des renseignements, nous ne pouvons ignorer l’entière disponibilité dont ont toujours fait preuve les entreprises internationales et les grandes sociétés œuvrant dans le domaine de la défense, prêtes à déroger au code éthique pour servir les intérêts de certaines puissances, Israël en tête. L’expérience libanaise regorge d’exemples à l’appui. Il ne s’agit en aucun cas de lancer des accusations contre SAGEM mais la question reste légitime étant donnée la nature des services qu’elle propose à sa clientèle.
- As Safir (19 janvier 2012)
Le président du Conseil des ministres Najib Mikati a reçu hier une délégation de la Campagne internationale pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah, qui a demandé au Premier ministre de soulever cette affaire lors de sa prochaine visite en France. Un porte-parole de la délégation, Bassam el-Kantar, a déclaré que la détention arbitraire de Georges Ibrahim Abdallah a été évoquée pendant l’entretien : selon lui, il s’agit d’une détention politique due aux pressions exercées par les administrations israélienne et américaine sur les autorités françaises. La délégation a demandé au président Mikati de demander officiellement à l’Etat français de libérer sans plus tarder Georges Abdallah. Le chef du gouvernement a promis d’évoquer ce dossier avec les dirigeants français.
- As Safir (18 janvier 2012)
Le président de la République Michel Sleiman semble avoir dans son viseur l’article 65 de la Constitution, selon lequel les questions fondamentales requièrent l’aval des deux tiers des membres du gouvernement. Il a appelé à un vote à la majorité dans le dossier des nominations. « Plus d’une fois, j’ai considéré que le gouvernement était peu productif, et c’est apparu par exemple dans le dossier des nominations administratives. Nous avons établi un mécanisme ad hoc qui n’a pas été respecté en raison des intérêts étriqués de certains politiques et à cause du texte constitutionnel qui rend obligatoire un vote à la majorité des deux tiers, ce qui est difficile à réaliser compte tenu des différends politiques et des intérêts privés. Nous considérons donc qu’il faut amender la Constitution pour restituer au président de la République la prérogative de trancher la question des nominations, en coordination avec le ministre compétent et les organismes de contrôle. Le président de la République pourra ainsi proposer les nominations au sein du Csl des ministres sur la base du mécanisme dont il aura été convenu, le vote se faisant à la majorité et non à la majorité des deux tiers. »
- An Nahar (Quotidien libanais proche du 14-Mars)
Sabine Oueiss (19 janvier 2012)
La question de la reconduction du protocole du Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a été ouverte lors de la visite au Liban du secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon à Beyrouth. Si la question n’a pas été publiquement évoquée, cela ne veut pas dire pour autant que cette reconduction sera automatique, d’autant plus qu’elle ne fait pas l’unanimité. Le silence à ce propos est dû au fait qu’il est prématuré d’en parler d’ores et déjà. Des concertations ont lieu au sein du camp du 8-Mars pour examiner les mécanismes juridiques et constitutionnels relatifs au dossier
- Al Akhbar (Quotidien libanais proche de la majorité-20 janvier 2012)
Nicolas Nassif
Selon des personnalités qui se sont récemment rendues à Damas, le commandement syrien souhaite faciliter le travail des observateurs et demeure attaché au protocole de coopération avec la Ligue arabe. Toutefois, le régime syrien évoque avec ironie et rejette catégoriquement la proposition de l’émir du Qatar, cheikh Hamad Ben Khalifa Al Thani, d’envoyer des forces arabes en Syrie pour dénouer la crise. Cette proposition sonne le glas de la mission des observateurs afin de transférer le dossier syrien au Conseil de sécurité. Par ailleurs, Damas semble miser sur l’évolution des positions de certains membres de la Ligue arabe, qui commencent à exprimer des divergences de vues avec le Qatar et l’Arabie saoudite. C’est notamment le cas de l’Egypte, du Soudan, de l’Algérie, du Sultanat d’Oman et de l’Irak et de la Jordanie.
- Al Akhbar (19 janvier 2012)
Pendant la réunion de la Commission parlementaire de l’Information et des Télécommunications, le ministre de l’Intérieur Marwan Charbel a révélé des infractions relatives au contrat signé en 1996 entre le ministère de l’Intérieur et la société française SAGEM, portant sur l’émission de cartes d’identité libanaises. Depuis la signature du contrat en 1996, selon le ministre, la société sauvegarde les empreintes des citoyens dans les dossiers spécifiques consacrés aux titres d’identité libanais –ce qui coûte 7 millions de dollars par an au Trésor. Le ministre a annoncé avoir été informé par les autorités concernées au ministère de l’Intérieur du fait qu’il ne peut ni modifier ni résilier ce contrat : en cas d’abrogation du contrat, la base de données des empreintes deviendra en effet la propriété de la société et non de l’État libanais. Il a donc été obligé de maintenir ce contrat, et tout ce qu’il a pu imposer, c’est « la réduction à 2 millions de dollars de son montant ». Ce dossier a suscité de nombreuses interrogations de la part des députés présents, sous l’angle du préjudice qu’il cause à l’État libanais aux plans sécuritaire, politique, financier et de souveraineté
- Al Akhbar (19 janvier 2012)
Bagdad, Alaa al-Lami
Selon des observateurs des affaires irakiennes, la visite effectuée par le chef de la milice des Forces libanaises, Samir Geagea, au Kurdistan irakien constitue un aveu de la part du président de la province, Massoud Barzani, que les Kurdes sont devenus une partie intégrante du camp des pays moyen-orientaux, qualifiés de conservateurs, et qui sont alliés au États-Unis et à l’Occident. Le véritable objectif de cette visite est économique et serait lié à l’investissement dans le secteur pétrolier, affirment les journaux irakiens kurdophones et arabophones. Des sources proches de dirigeants influents à Bagdad assurent que l’autorisation donnée à Geagea et à ses amis d’investir dans le secteur pétrolier au Kurdistan n’est autre qu’un cadeau de « ses amis américains » qui sont intervenus auprès de leurs alliés kurdes pour faciliter la chose. Ce cadeau est de la même nature que celui offert par les Français à Walid Joumblatt en Libye.
- Al Akhbar (18 janvier 2012)
Ibrahim al-Amine
Georges Ibrahim Abdallah est, tout simplement, un otage aux mains des autorités terroristes en France. Les gouvernements successifs là-bas, ainsi que les dispositifs sécuritaire et judiciaire, se comportent de manière terroriste, à la façon des gangs.
L’arrestation et le procès de Georges, puis l’interdiction de lui rendre sa liberté sous prétexte qu’il a refusé de s’engager à cesser son combat, ne dérogent pas au procédé terroriste adopté par ceux qui agissent au nom de la force, et rien d’autre.
La France nous dit que c’est la force qui lui permet de continuer à ôter sa liberté à un militant qui a haussé la voix et lutté pour faire entendre la voix de ses concitoyens victimes d’une injustice. La France nous dit qu’elle fait fi de toutes sortes de recours juridiques, de tous les appels humanitaires, et de toute la correspondance diplomatique, et qu’elle a décidé, toute seule, sa force aidant, d’ôter sa liberté à un militant qui, en tant qu’être humain, est à un niveau supérieur à tous ceux qui se sont succédé pour gérer les autorités politiques, sécuritaires et judiciaires en France. Le silence des élites cultivées, le silence de la presse, le silence des associations de défense des droits de l’Homme en France, le silence des Français vis-à-vis de ce crime, font d’eux tous des complices dans ce crime qui est allé trop loin. La France est devenue comme Israël, ni plus ni moins. La France nous dit : Faites ce dont vous êtes capables pour libérer vos détenus dans nos prisons. Soit. La route a été coupée, semble-t-il, et il paraît qu’il n’y ait plus d’autres moyens que le recours au même procédé pour garantir la liberté et la vie de Georges. C’est le procédé que choisissent ses compagnons sans demander d’autorisation à un Etat qui ne remplit pas son devoir vis-à-vis de ses citoyens. Ne sommes-nous pas ceux qui ne laissent pas leurs détenus en prison ?
- Ad Diyar (Quotidien Libanais centriste-17 janvier 2012)
Johnny Mnayyar
Paris a rejeté une offre de l’ancien vice-président syrien Abdel Halim Khaddam, qui propose la formation d’un gouvernement d’exil. M. Khaddam s’est rendu vendredi 13 janvier au Quai d’Orsay avec une liste de personnalités susceptibles de constituer un gouvernement syrien d’exil. La réponse française a été que Paris ne reconnaît que le Conseil national syrien et ne veut dialoguer avec l’opposition qu’à travers le CNS.
- L’Orient-Le Jour (Quotidien francophone libanais proche de la Coalition du 14-Mars, édition du 19janvier 2012)
Selon des sources occidentales bien informées citées par l’agence al-Markaziya, le président français Nicolas Sarkozy a informé les dirigeants libanais par les canaux diplomatiques de sa volonté de visiter le Liban « bientôt ». Selon ces sources, la date de cette visite n’est pas encore fixée ; elle le sera sans doute au cours des discussions qu’aura avec les responsables français au mois de février le Premier ministre Najib Mikati, invité à se rendre à Paris par son homologue François Fillon. M. Mikati sera naturellement reçu à l’Élysée par le président Sarkozy afin d’évoquer, entre autres, les derniers développements et autres rebondissements au Liban et dans la région, ainsi que les relations bilatérales et l’avenir de la Finul à l’aune du feuilleton d’attentats qui ciblent notamment le contingent français assez régulièrement, et qui a poussé les Nations unies à revoir la stratégie de mission : moins de Casques bleus, plus de soldats libanais...
En attendant que la date de la visite de Nicolas Sarkozy soit éventuellement fixée, les observateurs s’arrêtent sur l’impact de ce déplacement et sur son timing, à l’heure où la région bouillonne, surtout en Syrie. Le Liban est d’ailleurs devenu l’observatoire idéal pour les Arabes et les Occidentaux, sachant que les autorités libanaises continuent de privilégier une neutralité absolue par rapport à ce qui se passe outre-Masna.
- Le Figaro (Quotidien français de droite, 22 janvier 2012)
Georges Malbrunot
Quelques heures après l’attaque qui a provoqué la mort de Gilles Jacquier à Homs, mercredi 11 janvier, un dirigeant d’une organisation des droits de l’homme de cette ville a confié à un responsable de l’opposition syrienne en France qu’il s’agissait « d’une grosse ânerie » commise par les adversaires de Bachar al-Assad. « Au téléphone, mon interlocuteur, que je connais depuis de longues années, m’a dit en arabe que c’était une "djahachaneh", c’est-à-dire une grosse bourde de la part des opposants », nous a déclaré ce haut dirigeant de l’opposition. Pour ce dernier, son interlocuteur savait qui était derrière l’obus de mortier qui a tué sur le coup le journaliste de France 2, en visite ce jour-là à Homs, l’épicentre de la révolution contre le pouvoir d’Assad. « Peu après l’attaque, on a su assez rapidement, dans certains milieux de Homs, qui avait tiré », ajouta la source. Immédiatement après, opposants et pouvoir syrien s’accusèrent mutuellement d’être responsables de la mort de Gilles Jacquier. Ce responsable de l’opposition se confia le lendemain de l’attaque. Mais il fallait disposer d’autres éléments avant que Le Figaro n’en fasse état. Le même jour, jeudi 12 janvier, notre source transmit le contenu de sa conversation avec son correspondant de Homs à Nabil al-Arabi, le secrétaire général de la Ligue arabe. Dans le cadre d’un plan de sortie de crise, l’organisation panarabe disposait d’observateurs sur place à Homs. « Nous les avons sollicités afin que toute la vérité soit faite sur cette affaire », confiait ce mercredi un diplomate du Quai d’Orsay.
Sur le terrain, les recherches des observateurs arabes semblent avoir progressé assez rapidement. Vendredi 21 janvier, un responsable de la Ligue arabe déclarait au Figaro que « nous savons désormais qu’il y a eu une bavure commise par l’Armée syrienne libre (qui a coûté la vie Gilles Jacquier, ndlr). Nous savons que les tirs sont venus de Bab Sbah », un bastion de l’opposition, qui fait face à celui de Nouzha, peuplé d’alaouites pro-Bachar, où a été tué Jacquier.
Pour des raisons de sécurité, le responsable de l’organisation des droits de l’Homme à Homs et son correspondant de l’opposition en France ont demandé à garder l’anonymat. Mais ce dernier est prêt à témoigner devant une commission d’enquête. « J’attends qu’un juge indépendant soit nommé, dit-il. Même si elle est en notre défaveur, la vérité doit éclater. » Il confie avoir reçu, ces derniers jours, d’autres appels téléphoniques de Homs, confirmant la thèse de la bavure par l’Armée syrienne libre. Ces révélations contredisent l’hypothèse d’une manipulation par le pouvoir syrien, alimentée par les témoignages de plusieurs journalistes présents aux côtés de Gilles Jacquier au moment de l’attaque. Ceux-ci faisaient état « d’éléments troublants », comme le brusque départ des militaires en charge de leur surveillance, au moment du premier tir d’obus. Pour eux, le régime aurait voulu discréditer ses opposants en montrant au monde que les journalistes étaient visés par des « gangs armés ».
Gilles Jacquier, 43 ans, se trouvait à Homs en compagnie de plusieurs journalistes, suisses, belges et libanais. Leur séjour avait été organisé par Sœur Marie-Agnès, une religieuse libanaise installée près de Homs. Plusieurs Syriens ont également trouvé la mort ce jour-là dans les quartiers de Nouzha et d’Akrima, touchés par plusieurs projectiles en l’espace d’une demi-heure, peu après 15 heures. « Pour moi, ces tirs venaient du quartier de Bab Sbah », assurait également jeudi soir sur France 2 le photographe libanais Joseph Eid, de l’AFP, qui se trouvait au sein du groupe de journalistes. Selon des membres de l’opposition, les déserteurs de l’Armée syrienne libre possèdent des obus de mortier
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Pierre Khalaf
Chercheur au Centre d’Etudes Stratégiques Arabes et Internationales de Beyrouth.
 

samedi 4 février 2012


Hadopi, Acta : les lois qui surveillent Internet se multiplient. Mode d’emploi à l’usage des non-geeks pour utiliser le Web sans laisser de traces.
[Martin Untersinger - Rue 89 - 02/02/2012]
Naviguer sur Internet, c’est comme sauter à pieds joints dans du béton frais : on laisse des traces (presque) indélébiles partout. C’est aussi ce que dit Bruce Schneier, expert en sécurité informatique :
« Si vous pensez que la technologie peut résoudre vos problèmes de sécurité, alors vous n’avez rien compris aux problèmes ni à la technologie. »
L’informatique, et plus particulièrement Internet, est un formidable moyen de liberté d’expression, mais aussi une machine à surveiller. Or, surfer anonymement peut être souhaitable pour des tas de raisons, et pas seulement pour les paranos. On peut être amené à vouloir être anonyme sur Internet à un moment de sa vie. Liste non exhaustive et non exclusive :
  • échapper au flicage de son patron ;
  • éviter les yeux indiscrets de sa femme/son mari ;
  • déjouer la surveillance des autorités (cela ne vaut que si on habite dans un pays autoritaire, bien entendu), comme le font tant de dissidents, de la Biélorussie à la Syrie ;
  • empêcher de grandes entreprises – de préférence américaines – de collecter une foule de données personnelles ;
  • protéger son travail ou ses sources (si on est journaliste ou militant).
Renforcer son anonymat sur Internet, ce n’est pas « un truc de geek » : on dit souvent que la solution (ou le problème) se trouve entre la chaise et le clavier.
On peut agir, très simplement et toujours gratuitement, pour protéger sa vie privée et surfer anonymement sur Internet. Les solutions qui suivent ne sont pas à appliquer « en bloc », mais sont davantage un catalogue dans lequel piocher en fonction de ses besoins.
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Le navigateur

L’historique

C’est parfois aussi simple que cela. La plupart des navigateurs stockent toutes les pages sur lesquelles vous vous rendez. Autant d’indiscrétions sur vos activités en ligne pour ceux qui ont accès à votre ordinateur (patron, conjoint(e)…).
Accessible dans les options ou en tapant Ctrl(Pomme)+H sur la plupart des navigateurs, il est également possible de supprimer l’historique avec le raccourci Ctrl(Pomme)+Maj+Suppr.

Les cookies

Ce sont des petits fichiers créés par certains sites que vous visitez et qui sont stockés dans votre navigateurs. Ils fourmillent (entre autres) de détails personnels : certains mémorisent l’identifiant et le mot de passe (afin que vous n’ayez pas à le ressaisir), d’autres stockent un panier d’achats sur un site d’e-commerce.
Ils sont autant de traces et vos passages sur le Web. Il est possible de les désactiver ou de les supprimer (via le menu « préférences » de votre navigateur).
La plupart des navigateurs modernes disposent d’une fonctionnalité qui permet de naviguer sans laisser de trace (historique et cookies). Mais attention, ce mode de connexion n’a aucun impact sur votre logiciel d’envoi d’e-mails ou de messagerie instantanée, seulement sur l’historique et les cookies de votre navigateurs.
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La connexion

Pour afficher une page web, c’est le protocole HTTP qui est le plus souvent utilisé (oui, celui qui est dans votre barre d’adresse) : les données qui circulent avec ce protocole ne sont pas chiffrées.
Parfois, notamment sur les sites de commerce en ligne, un « s » vient s’ajouter au « HTTP » dans la barre d’adresse. Cela signifie que la communication entre votre ordinateur et le site web est chiffrée, donc beaucoup plus sécurisée.
Mais, afin d’éviter de voir son identité compromise sur Internet, cette précaution ne doit pas être cantonnée aux services de commerce en ligne. En 2010, un développeur mettait au point un petit programme, que l’on pouvait rajouter au navigateur Firefox, qui permettait par exemple, notamment via le réseau WiFi, de dérober les identifiants Facebook ou Twitter de tous ceux qui se connectaient au réseau.
Une précaution simple pour éviter ce genre de déconvenues, l’installation de l’extension Firefox « HTTPS everywhere », qui porte bien son nom : elle force tous les sites à communiquer avec votre ordinateur de manière chiffrée. Un bon moyen d’éviter que des yeux indiscrets sachent ce que vous faites avec votre connexion. Attention, certains sites n’autorisent pas une connexion sécurisée (vérifier le cas échéant la présence d’un petit cadenas dans la barre d’adresse ou celle du « s » après « HTTP »).
Cependant, la sécurité de la navigation en HTTPS réside dans des certificats, qui authentifient les sites utilisant cette technologie. Ces certificats sont de plus en plus volés et falsifiés, poussant même WikiLeaks à changer de système de soumission de ses documents confidentiels.
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L’adresse IP

L’adresse IP est un élément central à comprendre afin d’être discret sur Internet.
C’est un peu la carte d’identité de votre ordinateur : tous les sites ou services que vous visitez conservent une trace de votre connexion (plus ou moins longuement selon la législation du pays où ils sont implantés) – les « logs » : il est donc possible de savoir qui s’est connecté, où et quand.
Lorsque vous laissez un commentaire ou postez une photo en ligne, l’adresse IP est « mémorisée ». Les fournisseurs d’accès sont généralement capables de faire le lien entre une adresse IP et une identité bien réelle (en France, le délai de conservation des « logs » est généralement d’un an).
Heureusement, plusieurs solutions existent pour se faire discret.

Le proxy

Un proxy est un ordinateur par lequel va transiter votre connexion, afin de masquer votre adresse IP.
Reporters Sans Frontières, dans son guide pour bloguer anonymement,explique (à travers l’exemple de Sarah, une fonctionnaire qui veut dénoncer les travers de son patron en utilisant un proxy) :
« Au lieu de se connecter directement à Hotmail.com, elle se connecte d’abord au proxy, qui lui-même se connecte à Hotmail. Quand Hotmail lui envoie une page, celle-ci est dans un premier temps reçue par le serveur proxy, qui la lui renvoie. »
C’est l’adresse IP du proxy, et non celle de son ordinateur qui est semée un peu partout sur Internet.
Le proxy présente quatre problèmes :
  • c’est le proxy qui stocke les adresses IP : ce qui n’est pas sans poser problème ;
  • un proxy se paramètre directement depuis son navigateur web ou certaines applications (e-mail, messagerie instantanée…) : ces dernières ne prévoient pas toutes cette fonctionnalité (il est cependant possible de les forcer à le faire) ;
  • la navigation devient plus lente, puisque la connexion fait sans cesse des aller-retours ;
  • les communications avec le proxy ne sont généralement pas chiffrées.
Une liste de proxys (ainsi que les moyens de les installer) est accessible sur cette plateforme collaborative.

Le réseau Tor

Tor est un réseau composé de multiples nœuds (ou couches, d’où son nom, qui signifie « oignon » en anglais). Un ordinateur qui s’y connecte accède à Internet (sites web, mais aussi messagerie, mails…) à travers un « chemin » tracé aléatoirement dans ces nœuds : cela permet de ne pas savoir d’où la connexion – chiffrée, bien évidemment – provient, ni ce qu’elle contient.
C’est un système souvent utilisé par les dissidents dans les pays où Internet est très surveillé.

Schéma de fonctionnement de Tor (Torproject/CC)
Tor se présente sous la forme d’un logiciel assez facile à installer. Il est très largement utilisé dans les pays autoritaires, a même été financé par le gouvernement américain et a été utilisé par WikiLeaks. Problèmes :
  • la navigation utilisant ce logiciel est parfois lente ;
  • la sécurité de Tor n’est pas totale, et des failles ont été découvertes.
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La cryptographie

Jusqu’à la toute fin des années 90, les logiciels de cryptographie étaient considérés comme une arme de guerre, et donc soumis à une régulation très stricte.
Depuis, n’importe qui peut chiffrer ses communications (e-mail, tchat, ou même ses fichiers et son disque dur tout entier).
Plusieurs solutions existent pour chiffrer ses communications.

La messagerie instantanée

De nombreux « plugins » (petits modules qu’on ajoute à des logiciels) dit OTR(« off the record ») permettent d’activer le chiffrement des communications.
Quelques logiciels sur lesquels cette fonctionnalité peut être activée : Adium,PidginMiranda

Les e-mails

Les e-mails sont très souvent surveillés. Même chose que pour la messagerie instantanée : des plugins peuvent être activés sur de nombreux logiciels, dont le célèbre Thunderbird.
La plupart du temps, c’est le logiciel PGP qui est utilisé et qui offre le rapport qualité/facilité d’utilisation le plus intéressant.

Les fichiers

Le logiciel TrueCrypt permet de chiffrer très facilement un fichier, un dossier ou même son disque dur tout entier.
C’est souvent l’algorithme AESagréé par la NSA (un des services de renseignement des Etats-Unis) pour le chiffrement des informations top-secrètes du gouvernement américain, qui est utilisé. Officiellement, on commence à peine à trouver des failles à cet algorithme, réputé inviolable.
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Précautions diverses

Un système d’exploitation ultra discret sur clé USB

Il est possible d’utiliser un ordinateur sans y laisser aucune trace. Tails est une variante du système d’exploitation Linux, qui combine les outils mentionnés précédemment pour chiffrer les e-mails et naviguer sur Internet anonymement.
Il se lance très simplement depuis un CD ou une clé USB, sans laisser la moindre trace de son passage sur l’ordinateur utilisé.

Les logiciels libres

De manière générale, pour renforcer sa confidentialité, il est conseillé de privilégier les logiciels libres. Leur code source est disponible et modifiable à souhait : les dizaines de milliers de programmeurs qui constituent la « communauté du libre » ont décortiqué et analysé la plupart de ces logiciels.
Il y a donc beaucoup moins de chances que ces programmes contiennent des fonctionnalités « malveillantes » comme des « portes dérobées », qui pourraient menacer l’anonymat ou la sécurité. A l’inverse, seules les entreprises qui ont développé des logiciels dits « propriétaires » ont accès aux codes sources de ces derniers.
Le site Framasoft entretient une liste de plus de 1 500 logiciels libres.

Les services payants et le « cloud computing »

A des fins d’anonymat, il faut évidemment éviter tous les services qui exigent des coordonnées bancaires. Problème : beaucoup de services gratuits (comme Gmail ou Facebook) sont soumis au droit américain (et notamment à son Patriot Act), et peuvent être amenés, sur demande de la justice, à transmettre des données personnelles (à l’instar de Google, qui communique beaucoup sur cette question).
Beaucoup des services payants sont des services de « cloud computing » – un terme à la mode. Ces techniques, qui consistent à héberger et à traiter des données en ligne plutôt que sur son propre ordinateur (Gmail ou Google Docs en font par exemple partie), sont évidemment à utiliser avec prudence.
Les données « sur le cloud » ne vous appartiennent plus totalement, et vous n’avez pas une parfaite maîtrise sur qui en fait quoi et n’êtes pas à l’abri d’un bug ou d’une négligence.

Plusieurs identités numériques

Une autre précaution, si vous utilisez de nombreux services différents, est de recourir à un grand nombre de pseudos et d’adresses mail différentes, afin de rendre plus compliqué le croisement entre les bases de données et la compromission de l’anonymat.

Les métadonnées

Des détails contenus dans les fichiers Word, PDF, Excel ou les images peuvent compromettre l’identité du créateur du document ou de son émetteur.
C’est ce qu’on appelle les « métadonnées » : ces dernières peuvent indiquer quel ordinateur a créé le document, quel logiciel a été utilisé, voire qui est son propriétaire ! Des moyens existent pour effacer [PDF] ces données peu discrètes.

Impossible d’être parfaitement anonyme

Ces précautions peuvent paraître inutiles. Pourtant, les menaces sur les libertés des internautes se sont multipliées :
  • la DCRI (contre-espionnage français) est capable de rentrer dans n’importe quel ordinateur ;
  • WikiLeaks a révélé la capacité de certaines entreprises à surveiller Internet à l’échelle d’un pays entier ;
  • et les initiatives comme Hadopi et Acta accroissent la surveillance de l’Etatet des entreprises sur les internautes.
Malgré toutes ces techniques, l’anonymat et plus généralement la sécurité informatique ne sont pas des notions absolues : il est impossible d’être parfaitement anonyme sur Internet, comme le note le journaliste spécialisé Jean-Marc Manach :
« La sécurité est un processus, pas un produit, et rien n’est pire qu’un faux sentiment de sécurité engendré par une accumulation de “trucs” ou parce qu’on a acheté tel ou tel “produit” ou logiciel de sécurité. »
Noyade dans l’hypocrisie: guerre au delà des frontières et austérité en-deçà






Le gouvernement américain est si prétentieux qu’il est devenu une caricature d’hypocrisie. Leon Panetta, un ancien membre du congrès qu’Obama a nommé directeur de la CIA et maintenant chef du Pentagone, vient juste de dire aux marins à bord du porte-avions USS Enterprise, que les Etats-Unis maintiennent une flotte de 11 porte-avions afin de projeter une puissance maritime contre l’Iran et de convaincre l’Iran que “cela est mieux pour eux d’essayer de négocier avec nous par la diplomatie” ( “it’s better for them to try to deal with us through diplomacy.” 

)
S’il faut 11 porte-avions pour gérer l’Iran, combien Panetta projette t’il d’en avoir pour contrer la Russie et la Chine ? Mais pour en venir au point plus important, l’Iran a essayé de “négocier au moyen de la diplomatie”. La réponse de Washington n’a été que menaces de guerre et d’attaques militaires, accusations infondées et irresponsables que l’Iran essaie de construire une arme nucléaire, sanctions et embargo pétrolier. Les accusations de Washington font écho à celles d’Israël et sont en contradictions avec ses propres agences de renseignement et l’Agence Internationale pour l’Energie Atomique (AIEA). Pourquoi Washington ne répond-elle pas à l’Iran de manière civilisée, avec diplomatie ? Réellement, lequel de ces deux pays est la plus grande menace pour la paix ?
Washington envoie le FBI fouiller les maisons d’activistes pacifistes et met au travail un grand jury pour créer un cas légal contre eux pour avoir aider un ennemi nébuleux en protestant contre les guerres de Washington. Le département de la sécurité de la patrie (NdT: le fameux DHS, la stasi, securitate de l’empire du goulag levant) lâche ses cerbères pour brutaliser les manifestnts pacifiques du mouvement d’occupation de Wall Street. Washington fabrique une procédure légale contre Bradley Manning, Julian Assange et Tarek Mehanna, qui annihile le premier amendement de la constitution en mettant au même niveau la liberté de parole avec le terrorisme et l’espionage. Le maire de Chicago et ancien chef du personnel de la Maison Blanche d’Obama, Rahm Israel Emmanuel, pousse une ordonnance qui interdit et rend illégal les manifestations publiques dans la ville de Chicago; et la liste continue. Au milieu de tout cela, la ministre des affaires étrangères Hillary Clinton et d’autres hypocrites de Washington accusent la Russie et la Chine de museler la dissidence.
L’hypocrisie grotesque de Washington passe inaperçue dans les “médias” ainsi que dans les débats pour la candidature républicaine à la présidence. Le ministère de la Justice corrompu d’Obama fait semblant de ne rien voir quand les brutaux cerbères de la fonction policière commettent des violences gratuites contre des citoyens qui paient les salaires immérités de ces sauvages.
Mais c’est dans le domaine des crimes de guerre que Washington montre la pire des hypocrisies. Les bigots suffisants et prétentieux de Washington continuent de toujours rassembler les chefs des états faibles, dont les pays étaient affligés par des guerres civiles et les envoient se faire juger comme criminels de guerre. Dans le même temps, Washington massacre impunément et de manière indiscriminée un grand nombre de civils dans six ou plus pays, se déchargeant de ses propres crimes de guerre comme étant des “dégâts collatéraux”. Washington  viole sa propre loi et la loi internationale en torturant des gens.
Le 13 Janvier 2012, Carol Rosenberg du journal McClatchy rapporta que le juge espagnol Pablo Rafael Ruz Gutierrez a relancé l’enquête sur le programme de torture de Washington sur les prisonniers de Guatanamo Bay. Le jour d’avant, les autorités britanniques ouvraient une enquête sur les personnes kidnappées et rendues à la CIA en Libye pour torture.
http://www.kansascity.com/2012/01/13/3369419/spanish-judge-reopens-guantanamo.html
Rosenberg rapporte que bien que le régime Obama ait refusé d’enquêter sur les crimes évidents du régime Bush, et on pourrait même ajouter sur ses propres crimes, “d’autres pays sont toujours intéressés de déterminer si les pratiques anti-terreur de l’ère Bush ont violé la loi internationale.”
Il n’y a aucun doute sur le fait que Bush / Cheney / Obama ont laminé la constitution des Etats-Unis d’Amérique, la loi statutaire américaine et la loi internationale. Mais Washington ayant mis à bas la justice, a décidé que la puissance est le droit. Aucun gouvernemernt étranger n’enverra ses forces aux Etats-Unis pour aller chercher de force les criminels de guerre et les placer devant une cour de justice.
La cour contre les crimes de guerre de La Hague est réservée pour la parodie de justice de Washington. Aucun gouvernement ne paiera Washington plusieurs centaines de millions de dollars pour qu’elle leur remette Bush, Cheney, Obama et leurs mignons de la façon dont les Etats-Unis ont acheté Milosevic à la Serbie afin de créer le spectacle nécessaire d’un tribunal pour crimes de guerre afin de justifier l’agression ouverte de Washington sur la Serbie.
Aucun gouvernement ne peut-être parfait, parce que tous les gouvernements sont composés d’humains, spécifiquement ces humains les plus attirés par le pouvoir et l’argent. Quoi qu’il en soit, au cours de ma vie, j’ai assisté à une dégradation extraordinaire de l’intégrité du gouvernement des Etats-Unis. Nous avons atteint le point où nous ne pouvons plus croire en rien de ce que nous dit le gouvernement. Pas même les statistiques sur le chômage, le taux d’inflation, la croissance du PIB, et encore moins ses raisons pour faire ses guerres, son état policier et ses politiques étrangère et intérieure.
Washington a maintenu l’Amérique en guerre pendant plus de 10 ans tandis que les Américains perdaient leurs emplois et leurs maisons. La guerre et une économie chancelante ont fait exploser la dette nationale et une banqueroute larvée est mise sur le dos de la sécurité sociale et du Medicare.
La poursuite de la guerre continue. Le 23 Janvier, les états membres de l’UE, marionnettes serviles de Washington, ont accepté le désir de Washington et imposé un embargo sur le pétrole iranien, malgré les plaidoyers de la Grèce, un membre de l’UE. La ruine finale de la Grèce viendra donc des prix plus élevés du pétrole dûs à l’embargo, comme le gouvernement grec le comprend.
L’embargo est un acte dangereux. Si la marine états-unienne essaie d’intercepter un pétrolier transportant du pétrole iranien, une guerre à grande échelle pourrait s’en suivre. Ceci, comme beaucoup le pensent, est le but de Washington.
Il est très facile pour un embargo de devenir un blocus, ce qui constitue un acte de guerre. Rappelons-nous comment la “zone d’exclusion aérienne” décidée au dessus de la Libye par le conseil de sécurité de l’ONU fut facilement transformée par les Etats-Unis et ses marionnettes de l’OTAN en une attaque militaire sur la Libye et ses forces armées et les centres de population qui soutenaient Kadhafi.
Alors que les “démocraties” occidentales deviennent de plus en plus hors la loi, le masque légal que porte l’impérialisme se déchire et avec lui le film ténu de moralité qui a été utilisé pour masquer les ambitions hégémoniques. Avec l’Iran encerclé et avec deux des flottes américaines dans le golfe persique, une autre guerre d’agression semble inévitable.
Les experts disent qu’une attaque sur l’Iran par les Etats-Unis et l’OTAN interrompra le ravitaillement de pétrole dont le monde a besoin. La motivation folle pour une hégémonie est si forte, que les Etats-Unis et ses marionnettes ne montrent aucune hésitation à mettre leurs propres économies déjà chancelantes à encore plus haut risque en augmentant les coûts énergétiques.
La guerre à l’étranger et l’austérité à la maison voilà la politique qui est imposée aux “démocraties” occidentales.


Article original en anglais : Drowning In Hypocrisy: War Abroad, Austerity at Home, publié le 25 hanvier 2012.

Traduction : Résistance 71


Dr. Paul Craig Roberts économiste, il était l’assistant secrétaire au trésor de l’administration Reagan (secrétaire d’état aux finances chez nous), éditeur associé au Wall Street Journal, Senior Research Fellow de la Hoover Institution, Stanford University, il tînt la chaire William E. Simon Chair de Politique Economique, Center for Strategic and International Studies, Georgetown University. Il est l’auteur et le co-auteur de neuf livres et a témoigné devant des commissions d’enquête du congrès américain en trente différentes occasions.


jeudi 2 février 2012

  
La peur de demain qui ressemblera à hier 
 
 
 
par El-Houari Dilmi
 
Si, sur les cimes de la République, le personnel politique au gouvernail du gigantesque vaisseau Algérie s'échine, avec beaucoup de labeur, à rapiécer le costume trois-pièces-cuisine d'un pays en entier plus que jamais à l'étroit, et lui faire retrouver son âme novembriste gâchée, peut-on en dire autrement du pouvoir local, où la poussière épaisse s'amoncelle pour être cachée sous le grand tapis neuf de la République ?

Englué dans une réalité plus cauchemardesque que psychédélique, le pouvoir local agit comme une pastille d'aspirine sur un corps atteint d'un cancer métastasé. Une attraction-répulsion qui fait toujours remonter… plus haut les effluves suffocants de l'ire populaire. Jusqu'à l'émeute et les drames de l'irréparable… Et comment peut-il en être autrement lorsque chaque jour qui se lève sur l'arrière-pays profond est pour le citoyen fatigué une épreuve nouvelle pour mesurer le fossé immense qui sépare encore les discours aseptisés de la réalité crue, la parole naturellement facile contre l'acte forcément difficile. Autant l'Algérie « officielle » se veut debout sur ses ergots aiguisés et déterminée à extirper d'une main ferme et décidée les bourgeons de la Fitna, autant le pays profond hésite encore à se projeter dans un avenir qu'il craint de voir ressembler à hier. Il faut bien dire qu'au niveau de la « perception locale » du Pouvoir, la distance qui sépare Alger, le Centre des centres, du reste du territoire provincial semble toujours s'étirer de plusieurs dizaines de kilomètres, au point que même le projet du siècle qu'est l'autoroute Est-Ouest n'a pas réussi à écourter la distance qui nous sépare de la capitale, comme inextinguible sur ses hauteurs impossibles à escalader. « Une Loi qui démarre rigide d'en haut arrive jusqu'à nous en bas comme molle et élastique », selon une belle formule soufflée au chroniqueur par un ex-maire. C'est que les relais locaux, apparentés à des courroies de transmission contrefaites, sont depuis longtemps enrayés.

Lorsqu'il faut attendre jusqu'à la mort pour prétendre à un F quelque chose pour blottir sa progéniture sacrifiée. Quand il faut s'armer d'un trésor de patience pour quémander un document à un service public « privatisé ». Lorsqu'il faut « graisser la patte » pour « acheter » son droit. Attendre une éternité, sinon des lustres entiers, pour humer l'air stérilisé et l'ambiance feutrée du « gros » bureau… d'un tout petit responsable qui s'empresse aussitôt à vous « arroser » de ses propres tourments pour vous faire oublier les vôtres, l'on a tout le mal du mal à convenir que quelque chose est en train de changer dans ce pays… Si des peuples, les vrais, s'imposent aujourd'hui en véritables maîtres du Monde, ce n'est certainement pas – ou seulement – grâce au génie de leurs gouvernants, mais c'est surtout là le résultat bienheureux d'une implication réelle, effective et persuasive de ses forces, toutes ses forces, y compris celles mises au frigo parce que placées en état artificiel d'hypothermie. Plus que le pain, l'eau, l'huile ou le sucre, c'est assurément de cela que nous avons besoin… pour ne pas nous laisser prendre en mauvais sandwiche Quick, dans une planète qui bouge sans cesse, au point où les mêmes positions ou repères géographiques ne pèsent plus rien devant l'appétit impitoyablement léonin de l'Autre…