mercredi 21 septembre 2011

La honte du degré zéro de la patrie.

In lanation.info
Salima GHEZALI
Mardi 20 Septembre 2011

Une certaine idée de la dignité intrinsèque de l’action politique aurait pu inciter à un silence pudique sur la manœuvre peu glorieuse du 17 septembre. Comme on pourrait taire un honteux secret de famille.  Il arrive que l’état de délabrement politique et moral d’un système de pouvoir fasse honte à tout un pays. Mais il se trouve que ce type de manœuvre constitue depuis de nombreuses années la substance même de la relation du pouvoir à la société et à la politique. En faisant supporter sa pérennité et son unité par le désordre et des déchirements en cascade à l’intérieur de la société. Le pouvoir  opère en binaire. Occupant les deux pôles d’une scène caricaturée à l’extrême, le système de pouvoir s’agite et agite pareillement les deux. Cette façon de procéder en exploitant une situation  préalable, ou crée de toutes pièces, pour manipuler, récupérer, faire avorter ou au contraire prolonger et gérer une crise, a déjà fait la preuve de son coût… pour le pays dans son ensemble.
Infiltrer, radicaliser et manipuler les groupes sur facebook, dans les journaux, dans les quartiers, les clubs de supporters, les mosquées, les bars,  les milices et les groupes armés pour n’avoir pas à laisser se développer une vie politique saine régie par des lois et des règles applicables à tous, cela a un coût. Dans les quartiers, comme on a pu le constater lors des dernières opérations de relogement, cela signifie mettre ponctuellement le pouvoir entre les mains de délinquants violents pour rétablir l’ordre. Un ordre qui a d’abord été troublé par une corruption endémique au sein de l’administration. Et la neutralisation de toute contestation citoyenne organisée. Ceci est un mode de gestion  que les citoyens ont dans leur majorité appris à décoder au prix que l’on sait.200.000 morts, des milliards de dollars et une régression  globale sont le coût effectif du dernier exercice grandeur-nature effectué sur ce pays à l’occasion de la sale guerre des années90.
L’appel sur facebook à une manifestation pour faire tomber le régime algérien le 17 septembre suivi d’une campagne « patriotique » pour « iskat » « iskat ennidham », n’a globalement  mobilisé que sur la toile. Il dessine, à contrario, l’enfermement dans les deux pôles selon lesquels  la manipulation du pouvoir s’est « relookée » en « opposition compradore » et «  nationaliste – patriote fascisante ». C’est aussi le scénario idéal pour un autre grand dérapage. La manipulation se limitant rarement à un exercice ou à un acteur unique, elle peut tout aussi bien fonctionner à la manière des poupées russes. L’une pouvant contenir l’autre. A ce jeu là plus d’un rêve de maitre- chanteur peut se glisser entre deux massacres, tel est pris qui croyait prendre…
Certains propos tenus par les « patriotes » sur facebook, outre qu’ils ressemblent étrangement aux « zenga zenga » et autres gracieusetés de Kadhafi rappellent également la tonalité  des tracts islamistes et anti-islamistes de ces dernières années. Au matin du 18 on a pu lire et entendre que le pays venait d’infliger un cinglant démenti à ses ennemis. En vérité, il ya longtemps que de « laqad nadjahna » au « retour de la stabilité  » le pays qui se décline ainsi n’est plus un pays pour son peuple, juste un champ de manœuvres pour les uns et les autres. Chacun alignant ses barbouzes, ses barbus et ses bars de référence pour continuer à entretenir la confusion. Et entre  deux épisodes de grande frayeur nationale, la multiplication des émeutes, la répression  brutale des manifestations publiques, le harcèlement des militants et la succession des bavures donnent la tonalité « côté cour » d’un dispositif de répartition de la rente « côté jardin ».
« Je me suis toujours demandé si l’on pouvait n’être qu’à moitié patriote…il n’ya pas plus misérable que l’amour à sens unique. En l’occurrence celui d’un être solitaire, citoyen brisé qui bafouille en prononçant le nom de son pays. L’amour ne suffit pas à faire une patrie… Nous n’avons jamais réussi à être aimés par nos pays comme nous l’aurions voulu. » Ces mots sont ceux de l’irakienne Alia Mamdouh qui publie un texte à lire dans le Monde diplomatique de ce mois, sous le titre de : Le degré zéro de la patrie. Au-delà des différences de styles entre oligarchies, la trame de fond qui unit tous ces régimes despotiques réside précisément dans cette pression  qui met  les peuples en demeure de choisir entre la continuité du pays dans l’asservissement ou l’éclatement dans le chaos.
Refuser ce chantage apparaît aujourd’hui comme le commencement de la résistance.

jeudi 15 septembre 2011


Rached Ghanouchi je te découvre !

In Nawaat
Primavera | Sep 14, 2011 | | Short URL: http://wp.me/p16NIR-2xU
J’ai toujours été neutre vis-à-vis du personnage controversé de Rached Ghanouchi. Depuis son retour en Tunisie j’ai vu certains de mes amis exprimer leur haine envers cet homme qu’ils traitent d’hypocrite, d’opportuniste, et qui vont même jusqu’à le diaboliser. Moi je ne me mêlais presque jamais de ce genre de parti pris, après tout je ne connaissais pas cet homme et donc je ne me reconnaissais pas le droit de le juger que ce soit dans un sens ou dans un autre. Mais hier j’ai vu l’émission de “Al saraha raha” sur Hannibal TV avec le journaliste charismatique et chevronné Samir El Wéfi (expiré) et l’invité c’était Mr Rached Ghanouchi, ennemi n°1 des enfants de 7 à 77 ans résidant dans la belle cité de la majorité silencieuse. La vidéo dure deux heures, c’était dimanche je n’avais rien à faire, allez on va voir ça juste par curiosité.
Dès les premières minutes de l’émission je me suis demandé sérieusement si je pouvais souffrir cet animateur qui a déjà commencé à s’auto féliciter du succès de son émission, de sa chaine, dans un arabe d’une pauvreté affligeante (rien de surprenant pour l’élève fidèle de son Godfather de Arbi Kassra). Mais voilà qu’il accueille enfin Mr R.Ghanouchi sous les rythmes de la bande originale du film Godzilla. Godzilla étant un monstre je me demande si ce n’était pas juste une blague de mauvais goût. Et nous voilà partis pour deux heures où l’animateur loin de l’objectif annoncé au début, celui d’explorer le coté humain de son invité, l’a bombardé de toutes les questions qui fâchent, tous les dossiers épineux concernant son parti Ennahdha, ses relations avec Bourguiba puis Ben Ali, en passant par Saif el Islam Gaddéfi… avec au surplus une bonne dose d’amateurisme (plus d’une fois il était incapable de citer ses sources) et de “bléda” (un concept purement tunisien, la traduction n’existe pas :) . Alors devant ce petit minet qui avait l’habitude d’interviewer les chanteurs à deux balle et les joueurs de football, et qui s’est retrouvé soudain face à un homme de la pointure de R.Ghannouchi parce qu’un jeune s’est immolé à Sidi Bou Zid en décembre dernier et que le président a été assez con pour ne pas y prêter attention, face à ce réel examen de patience et d’abnégation, Mr Rached Ghanouchi a été tout simplement .. impeccable dans sa prestation, exemplaire dans sa perfection et avec l’œil critique et pointu que j’ai, je n’ai pas pu dénicher la moindre faille, la moindre hésitation, le moindre faux clignement de l’oeil trahissant un mensonge, un secret qu’il aurait essayé de nous cacher.
Bien évidemment comme me l’a dit un ami, c’est facile de briller face à un journaliste inculte qui est plus accoutumé à Fatma Bou Seha qu’à des hommes politiques et intellectuels de grande envergure, n’empêche que les réponses de Mr. R.Ghanouchi étaient si claires, si bien réfléchies, si convaincantes que je me demande si le fait de changer l’animateur aurait changé quelque chose! Alors les moments phares de cet entretien, je tiens à m’y arrêter pour que ce ne soit pas juste de la parlote et pour ceux qui n’ont pas pu/voulu suivre l’émission :
Samir El Wéfi : tous les politiciens nous promettent monts et merveilles, vous en l’occurrence, comment vérifier alors la véracité de vos paroles ? Comment savoir si vous allez tenir vos promesses ?
Rached Ghannouchi : la seule façon de vérifier cela est de donner la chance à tel ou tel parti d’agir, tout en ayant le pouvoir de le licencier à travers les urnes au cas où il échouerait à l’examen et qu’il faillerait à ses promesses.
Samir El Wéfi : est-ce que t’es pour la munu jupe ? (pardonnez-lui il est incapable de prononcer le i) (question existentielle de première urgence, plus urgente encore que le chômage et l’inflation qui sévissent dans le pays)
Rached Ghannouchi : je suis pour la liberté, on n’oblige personne à s’habiller décemment, ça doit émaner d’eux, sinon c’est de l’hypocrisie, ça ne sert à rien. On peut essayer de sensibiliser, de conseiller, mais pas plus. (sa réponse était infiniment plus riche mais j’en fais un résumé)
Samir El Wéfi : ta fille Soumaya est une star sur le net, elle écrit des articles Je PENSE en anglais mais elle ne parle pas de la Tunisie, c’est comme si elle n’est pas vraiment tunisienne.
Rached Ghannouchi : si tu as lu ses articles sur The Guardian, tu aurais su qu’elle parle de la Tunisie et qu’elle est bien tunisienne.
Moi : excuse-le, c’est à peine qu’il arrive à articuler un mot en français tu veux qu’il lise encore des articles en anglais ? sans blague !
Samir El Wéfi : concernant les événements de Bab Swika..
Rached Ghannouchi : il faut mettre les choses dans leur cadre historique, les évènements de Bab Samir El Wéfiika ont eu lieu à une période où le régime en place persécutait, emprisonnait et tuait les membres du parti Ennahdha (110 tués pourquoi personne n’en parle ?) ces actes terroristes et meurtriers étaient une réponse isolée et incontrôlée à ces crimes commis par le vrai bourreau, c’était bien évidement un acte individuel, tous les chefs d’Ennahdha étaient en prison lors de ces émeutes et nous avons publié une note pour condamner ce qui s’est passé. Par ailleurs on n’a pas mis plus qu’une semaine pour condamner les inculpés, la façon dont ils ont été jugés est loin d’être équitable.
Ceci m’a rappelé une idée fondamentale que j’ai croisée dans “Crime et châtiment” : tue un homme t’es un criminel, tue 1000 hommes t’es un héros! Cinq membres présumés d’Ennahdha ont tué quelques innocents par réaction à l’oppression dans un contexte historique et politique bien déterminé et là on n’a pas mis plus d’une semaine pour les juger et tout le monde les condamne( moi aussi) et Bourguiba en a tué des centaines de tunisiens, de ceux-mêmes qui se sont battus tout comme lui pour libérer le pays( physiquement) et pourtant il est présenté comme le sauveur et l’ultime militant pour la liberté de la Tunise, un vrai dieu pour certains, avec des statues et un temple à Monastir ! Et justement à ce propos ..
Samir El Wéfi : Bourguiba a quand même fait beaucoup de bonnes choses (9arrana w 3allamna), il nous a éduqué, il manquait plus que “wakalna w charrabna fal 7amdou lah”. Tu sembles plutôt le critiquer pour des raisons d’ordre personnel.
Rached Ghannouchi (avec un sourire) : mais il a voulu ma peau ! il m’a condamné à mort ! Et puis il était un vrai dictateur, et si les Youssoufistes ou les Abd Laziz ethalbi ont pris le pouvoir est-ce qu’ils n’auraient pas construit des écoles, des facultés et des hôpitaux? Et surtout la liberté n’a pas de prix, rien ne peut nous faire oublier notre droit à la vie, on ne vend pas la liberté pour l’éducation et la santé, c’est plus sacré que la nourriture même !
Dites-moi si ce n’est pas sensé ce qu’il dit !!! Mais les tunisiens sont curieux, leur problème c’est pas vraiment la dictature, pourvu que leur dictateur soit cultivé, ils sont prêts à l’accepter voire l’aduler, voilà pourquoi ils adorent(comme un dieu :) Bourguiba et méprisent Ben Ali. Schizophrénie !
Samir El Wéfi : Tu es ami avec Saif el Islem, et tu as fait l’éloge du rôle de son père dans le soutien de la révolution tunisienne.
Rached Ghannouchi : J’ai rencontré Saif el islem quelquefois à Londres, ensuite je l’ai contacté pour lui dire que la position de son père m’a déplu quand il a condamné la révolution tunisienne et qu’il a dit clairement que le peuple tunisien n’aurait pas dû expédier son dictateur. J’ai eu peur pour la Tunisie, étant à proximité de la Lybie, ce pays armé jusqu’aux dents (on l’a vu), j’ai agi pour protéger mon pays en rappelant à Gadéfi qu’il se présente comme le leader de la révolution lybienne du 1er septembre 1969 et qu’il devrait donc plutôt soutenir celle du peuple tunisien.


Autrement dit, le message qui a fait tant de bruit était une vraie leçon de diplomatie orchestrée par un homme très intelligent j’ai nommé R.Ghannouchi et dirigée pour le bien de la Tunisie, voilà.
Bon excusez ma paresse, j’ai déjà fait beaucoup d’efforts sur moi-même pour gribouiller cette note, je vais zapper beaucoup d’autres points clés de l’émission, franchement ce genre d’entretien ça ne se raconte pas, que ceux qui veulent vraiment découvrir cet homme ou le redécouvrir prennent la peine de visionner la vidéo. Vous avez beau le détester, vous en apprendrez des choses: modestie, patience, intelligence et sagesse notamment quand vers la fin, le petit minet de journaliste inculte a essayé désespérément de lui soutirer des déclarations peu flatteuses sur Mohamed Talbi et Abd el Fatteh Mourou, l’animateur désemparé a assisté à une vraie leçon de morale, de respect et de diplomatie. R.Ghanouchi a été extrêmement patient et collaborateur même lors des questions d’une bassesse inouie et d’ordre très personnel. Voilà un homme qui a dit que son plus grand amour c’est sa mère, ensuite sa femme et ses filles(docteur, doctorant, avocate et j’en passe), pas à l’image de Moncef Swissi qui face à ce même animateur est venu annoncer fièrement qu’il trompe sa femme Khdija Swissi à plusieurs reprises et qu’elle est au courant :)
Alors au final, merci Samir El wéfi, par ta bêtise, tu as rendu un énorme service à R.Ghanouchi : tu croyais l’attaquer, le déstabiliser mais tu lui as fourni l’occasion de montrer à quel point il est respectable, intelligent, authentique et sûr de lui. Tout cela avec le calme et le sourire. La musique sublime du film Gladiateur qu’on a écouté tout au long de l’émission était bien méritée.
Rached Ganouchi je te découvre et je dois dire que la Désenchantée a été vraiment enchantée de faire ta connaissance ! Pas étonnant après ça qu’un homme aussi intègre que Moncef Marzouki, surnommé l’Erdogan de la Tunisie, entretienne avec toi de bonnes relations basées sur le respect mutuel.
PS : les propos cités dans cet article représentent ce qui m’est resté en tête, je n’ai pas revisionné la vidéo, et donc je m’excuse pour les erreurs éventuelles aussi petites seraient-elles.

mercredi 14 septembre 2011

Le révélateur libyen.

In lanation.info
Salima GHEZALI
Mardi 13 Septembre 2011


La crise libyenne a fonctionné comme un révélateur des points d’ombre de la crise algérienne. On a pu voir en Libye des révolutionnaires se liguer contre un dictateur en s’appuyant sur une intervention militaire de l’Otan. L’alliance entre ces révolutionnaires recouvre l’ensemble du spectre politique libyen : Libéraux, anciens membres du gouvernement, djihadistes, représentants des tribus et autres monarchistes éventuels. Pas question pour autant d’un quelconque contrat politique de type « sant Egidio » capable de mettre des balises à l’exercice politique.


[Reuters/Ramzi Boudina] Le général américain Carter Ham (à gauche) et le haut responsable militaire algérien Youcef Madkour (à droite) arrivent pour une conférence de presse à l'ambassade des Etats-Unis à Alger.
[Reuters/Ramzi Boudina] Le général américain Carter Ham (à gauche) et le haut responsable militaire algérien Youcef Madkour (à droite) arrivent pour une conférence de presse à l’ambassade des Etats-Unis à Alger.
Cet attelage disparate a incarné la révolution libyenne jusqu’à la chute de Tripoli malgré des tensions manifestes et quelques coups de Jarnac sur lesquels les médias ont eu la politesse de ne pas s’arrêter. Sur la question libyenne l’éventail politique algérien s’est scindé  entre partisans et adversaires de l’intervention militaire étrangère avec une large prépondérance de ces derniers. Une fracture qui n’a épargné aucun courant politique. Hormis Belkhadem et quelques spécimens du cru,  les soutiens à Kadhafi n’ont pas été nombreux. Le régime a voulu faire croire à sa neutralité en restant aphone pour ne pas gêner le cours des choses, quitte à endosser la posture « nationaliste » réservée à l’égard de l’intervention étrangère une fois la séquence inaugurale de la crise libyenne achevée. Chacun a pu se rendre compte que malgré le vacarme des « otanisateurs » locaux et du CNT l’Algérie officielle  est restée sagement dans son coin. Aussi sourde devant les imprécations criminelles de Kadhafi que muette face aux provocations les plus outrancières de certains membres du CNT. Et c’est avec toute la candeur de la parole retrouvée que se multiplient les interventions du ministre algérien des affaires étrangères pour affirmer la neutralité de l’Algérie maintenant qu’un front s’est ouvert sur le flanc est du pays pour que s’y jouent, à l’occasion de cette nouvelle guerre, les prolongations d’une guerre ouverte il y a vingt ans… pour que rien ne change.
A la dernière conférence  sur la lutte anti-terroriste au Sahel des 7 et 8 septembre  Alger n’a rien fait valoir comme vision stratégique. Le même discours sur l’antériorité de l’expérience algérienne, la question des rançons, du développement et bien-sur… de la souveraineté. Comme si cette dernière pouvait se passer de la formulation d’une doctrine militaire inspirée d’une vision politique partagée par une population se reconnaissant dans ses institutions. Entre une politique étrangère aphone et une doctrine militaire floue on retombe sur des propositions de réformes dont rien n’indique qu’elles annoncent une issue raisonnable à une crise interminable.
Voici donc un pays dont la population, qui a déjà payé un prix terrible à la guerre, qui passe d’une émeute à l’autre pour des raisons de mauvaise gouvernance, à qui l’on propose de renforcer les éléments du statu- quo. Car ces réformes ne sont rien de plus que la consolidation  de ce qui occupe la vitrine du système de pouvoir. Il ne semble pas que les invités de la commission Bensalah pas davantage que ceux de Babes aient joué un grand rôle en faveur du changement. Tout comme les appels à manifester  lancés par la CNDC en février dernier et le parti-pris manifeste des médias dominants sur la Libye n’ont suscité d’échos autres que réprobateurs au sein de la population algérienne. Par ailleurs, alors qu’il aurait été logique de s’attendre à ce que les réseaux d’amitié franco-algérienne se mobilisent pour faire entendre la voix de l’Algérie sur la question libyenne ceux sont uniquement les réseaux d’amitié algéro -française  qui ont porté haut et fort la voix de la France. Plus que la France elle-même, c’est l’inégalité des rapports qu’elle instaure qui cristallise les crispations.  Or cette inégalité trouve sa source dans la nature du système de pouvoir en Algérie dont les réseaux défendent le régime et non le pays. Qu’ils s’alignent sur Kadhafi ou sur la France, ils ont une même finalité stratégique.
C’est cette faiblesse de la « profondeur stratégique » du régime au sein de la population que des textes de lois et des promesses d’ouverture de l’audio-visuel vont essayer de contourner avec l’espoir  de transformer les algériens en « otanisateurs » dociles ou en « nationalistes » partisans acharnés du pouvoir après leur avoir imposé  dix ans durant une guerre terrible au nom de la lutte contre « le terrorisme islamiste. »
Comble de l’humour c’est un pouvoir islamiste à forts relents djihadistes que l’Otan et la France ont installé dans le chaos libyen qui s’annonce à nos frontières. La guerre globale ne s’encombre pas de crispations idéologiques. Elle laisse cela aux élites des pays « du champs » où elle peut semer et récolter à son aise.

samedi 10 septembre 2011

Sauver la peau par le drapeau
par Kamel Daoud
« Tous derrière le peuple puisque le peuple n'est pas derrière nous». C'est le slogan du régime et de ses petits-fils en ces jours de doute et de peur pour la peau et pas pour le drapeau. Le programme «tous unis, même si tous on n'est pas tous riches» vient d'être lancé pour éviter l'effet contagion du cas libyen. La recette ? Ancienne comme les fossiles : expliquer que l'Algérie est visée par un complot. Deux, appeler à la mobilisation contre un ennemie moyen, et crier au terrorisme dans le Sahel ; et trois, expliquer que le pétrole va être volé par des étrangers. Avec quel haut-parleur ? L'habituel Sidi Saïd qui vient de lancer l'idée d'un remake du CNSA (Comité national de sauvegarde de l'Algérie). Le CNSA avait servi à stopper la montée programmée du FIS durant les années 90 et peut servir aujourd'hui à rappeler ce souvenir. La ruse est habile : il s'agit de réactiver le traumatisme des années 90 en parlant du cas libyen et de présenter le régime comme seule barrage possible, comme à cette époque. Pour le sous-titrage, Sidi Saïd ne va pas chercher loin, là aussi, en terme de créativité : la métaphore est celle déjà usée par Boumediene, avocat de la souveraineté nationale par les hydrocarbures.

 Que dit Sidi ? «Le pétrole qui est imbibé du sang des martyrs de la guerre de libération nationale et du sang de ceux qui ont défendu l'Algérie contre le terrorisme et que personne ni aucune génération ne peut trahir». Le paradoxe est le même depuis Boumediene : si le pétrole est le sang du martyrs, comment peut-on le vendre dans des barils ? Le Régime n'est-il pas coupable de la plus haute trahison, vendre le sang des martyrs, et nous de la plus haute infamie, en manger chaque jour ? Bien sûr, on n'a pas été consultés quand il s'agissait des grands contrats pétroliers et des grandes concessions, on n'est pas autorisés à se promener près des puits ni dans les comptes de Sonatrach, on ne nous dit rien de ce qu'a fait Chakib Khellil ou pas, mais quand il s'agit de défendre le pétrole, on nous rameute comme un bouclier humain.

 Ensuite ? Ensuite Sidi Saïd si peu élu, depuis si longtemps subi, qui n'a rien dit sur rien depuis des mois, ose des définitions de la politique, appelant les Algériens à «se dresser contre toutes velléités d'exportation vers notre pays d'une démocratie définie dans des laboratoires étrangers». La raison ? «On n'en veut pas ! L'Algérie a des traditions ancestrales dans ce domaine, elle les défendra jusqu'au bout !» Quelles traditions ? La fraude, le bourrage d'urnes, l'usage du syndicat comme caisse noire et comme berger électoral, le filtrage des candidatures à la source, le verrouillage de l'ENTV et la matraque et le téléphone en guise de Justice. Faisant dans la poésie, Sidi expliquera à la fin, sans pensée pour les milliers de travailleurs algériens du textile réduit à coudre des souvenirs, que «c'est déjà beaucoup qu'ils nous exportent leur friperie, nous ne voulons pas de leur démocratie !» Que faut-il penser de cette préhistoire qui veut faire l'histoire ? Ce que vous pensez déjà : on nous prend encore pour des moutons. Il y a, comme dit plus haut, un usage ridicule du bouclier humain pour éviter les bombardements ciblés. Le régime essaye de nous rassembler autour de lui pour se faire passer pour nous. La seule différence est donc dans les habits. Vue du ciel, on peut reconnaître le peuple habillé de friperie et le régime habillé d'une fausse démocratie. Facile à cibler donc. Pour le reste, il ne faut même s'étonner de voir Sidi Saïd ne rien dire sur souveraineté habillée de friperie, 50 ans après l'indépendance et beaucoup dire sur la démocratie qu'il veut combattre.

Algérie : Le régime algérien craint que l’armée bascule du côté du peuple


9 septembre 2011

Par Djamaledine Benchenouf

L’évidence est aveuglante, en effet. Ce régime est en fin de ressources, et il le sait lui-même. Mais lui est aveuglé par les propres tares, la voracité, et la mégalomanie de ses barons. Aujourd’hui, épouvanté par les révolutions populaires qui ont fait vaciller, puis s’effondrer les régimes despotiques voisins, ce régime, plutôt que de prévenir une révolution violente, et de se résigner à rendre les clés de la maison, à son véritable propriétaire, le peuple algérien, il n’est préoccupé que d’une seule et unique inconnue: chercher à savoir, coûte que coûte, ce que sera la réaction de l’armée en cas de soulèvement populaire, et se la concilier, par tous les moyens.

C’est pour cela qu’il a très mal perçu la réaction des armées tunisienne et égyptienne. Il aurait voulu que celles-ci tirent sur les manifestants, qu’elles les empêchent de chasser les despotes qui les broyaient.
Aujourd’hui, il n’est obnubilé que par cette question. Rien ne le préoccupe davantage. Parce que hormis cette inconnue, il croit avoir pris toutes les précautions utiles. Les effectifs sécuritaires, entre policiers, gendarmes et miliciens, qu’il a alignés pour une répression programmée dans ses moindres détails, les augmentations de salaires exorbitantes, avec effet rétroactif sur trois années, qu’il a consenti à tous les policiers, gendarmes et militaires, les armements et une batterie ahurissantes de moyens qu’il a mis en place, pour réprimer toute velléité populaire de soulèvement, ne souffrent que d’un seul impondérable: La réaction de l’armée.
Et les rumeurs qui circulent depuis plus de deux mois, dans des milieux d’officiers algériens ne sont pas pour le rassurer. Des milliers d’officiers font savoir, en effet, à leur manière, et au sein de leur propre institution, que le régime ne devra pas les solliciter pour faire tirer sur la population, et que bien au contraire, s’ils estiment que le peuple est l’objet d’exactions qui passent la limite de la légalité, leur camp naturel serait du côté de leur peuple. Comme en Tunisie, et comme en Egypte. Et c’est là le principal problème de l’heure pour le régime, le seul et le plus important en l’occurrence, qui est totalement tabou, et qu’aucun média n’a seulement évoqué, serait-ce par allusion.
C’est cela en effet le problème qui empêche les barons du régime de dormir, et qui les pousse à des attitudes qui frisent la panique, comme de déplacer leurs capitaux des banques américaines et européennes pour les placer dans les pays du Golfe, au Venezuela et autres pays receleurs.
En ce moment même, il règne au sein de l’armée algérienne un climat de chasse aux sorcières, où le DRS joue le même rôle que dans les années 90 où il lançait des traques qui finissaient souvent en assassinats, contre tous les officiers suspectés seulement d’avoir des sympathies islamistes. Aujourd’hui il n’a plus les moyens de ses turpitudes, et il ne peut plus faire assassiner une majorité de jeunes officiers. Trop nombreux, en une période qui n’est plus aussi permissive que pendant la décennie rouge. Mais il tente de leur faire peur, en même temps qu’il tend la carotte aux plus charismatiques d’entre-eux.
Mais tant va la cruche à l’eau. Lorsqu’un régime s’est imposé par la peur et le carnage, et qu’il ne peut plus se livrer à de telles extrémités, ceux qui se taisaient, ou qui se terraient, parce qu’ils craignaient pour leur vie, s’enhardissent et se manifestent de plus en plus ouvertement. Et ceci entraînant cela, le nombre des officiers qui affichent leur ralliement à leur seul peuple, comme on brandit un étendard, devient de plus en plus massif.
Le régime est effrayé
C’est cela qui a jeté l’effroi dans le cœur des barons du régime. Car l’armée était leur principale garantie de survie. Aujourd’hui, ils ne craignent pas seulement que l’armée ne se range pas de leur côté, contre le peuple, mais ils savent, sans l’ombre d’un doute, que si le soulèvement est massif, l’armée algérienne serait à l’avant garde de la révolution. C’est cela le nombre d’or de la formule, si je puis dire. Et c’est pour cela qu’il nous faut multiplier les appels à nos frères officiers, sous-officiers et hommes de troupe.De leur engagement à nos côtés dépend la suite des évènements. Il suffirait qu’ils fassent connaître massivement leur intention de rallier la cause du peuple pour que ce régime abdique. Car les exemples des despotes qui ont été balayés sont là pour lui rappeler qu’il est de son intérêt, celui des barons qui le composent, de leurs clientèles et de leurs parentèles, qu’ils remettent les clés de la maison à son véritable propriétaire. De façon franche et irrévocable. Sans chercher à tergiverser, ni à ruser. Le temps n’est plus au replâtrage, mais à la démolition de tout l’édifice mafieux, et à l’avènement d’un Etat de Droit.
Ces barons du régime peuvent épargner au pays, et surtout à eux-mêmes, de lourdes conséquences. Les situations comme celles que vit notre pays, lorsqu’elles dégénèrent, peuvent devenir incontrôlables. Elles peuvent déboucher sur des tragédies immenses. C’est à eux qu’il appartient aujourd’hui de rendre ce pays à son peuple. Il leur sera tenu compte de cette sage résolution, si elle se produit. Et ils pourront peut-être jouir du fruit de leurs rapines, si le peuple le leur permettra, pour avoir su éviter de faire couler son sang. Sinon, le peuple algérien et son armée sauront qui aura été le principal responsable de toute tragédie qui viendrait endeuiller, encore une fois, les Algériens. Et ils sauraient que toutes les souffrances inutiles qui auront été infligées au peuple n’auront été dictées que par le désir de s’accrocher au pouvoir, juste pour pouvoir continuer à piller le pays, au prix d’un fleuve de sang. A Dieu ne plaise !
D.B

vendredi 2 septembre 2011

Gaver le peuple pour éviter l’explosion et…..la Révolution !

Rentrée sociale : La stratégie du pouvoir…

El Watan, 2 septembre 2011

Cartables pour les écoliers , opération spectaculaire de relogement à Alger, des locaux commerciaux pour les vendeurs informels , recrutement massif des chômeurs du Sud… Le gouvernement a passé l’été à préparer un plan pour contrer toute contestation à la veille de la rentrée sociale , El Watan Week-end décortique la stratégie du pouvoir.

«Agitée et bouillonnante», la rentrée sociale 2012 annonce un bras de fer houleux entre le pouvoir et la société civile. Si celle-ci s’apprête à passer à l’offensive, le gouvernement quant à lui réserve des réponses à tout. Ainsi une stratégie a été mise en place par le pouvoir pour parer à d’éventuelles manifestations ou mouvements de colère. «Les consignes sont claires, chaque département ministériel doit impérativement débloquer les dossiers en suspens. Les directives du Président ainsi que celles du Premier ministre insistent sur le fait de procéder immédiatement à des négociations avec les partenaires sociaux, procéder à la distribution des logements finis, pousser les entreprises à créer de l’emploi, combattre la bureaucratie sous toutes ses formes et réserver le meilleur accueil aux citoyens. Pour cela, les walis sont mis à contribution pour une prise en charge accrue des besoins des citoyens», révèle une source du palais du gouvernement. Au ministère de l’Intérieur, on se prépare aussi à faire face aux mouvements de protestation.

«Le gouvernement entamera bientôt une série d’annonces pour une meilleure prise en charge des besoins des familles, notamment celles ayant des enfants scolarisés. Le gouvernement est conscient de la rentrée difficile pour nombre de chefs de famille. Une enveloppe budgétaire a été prévue à cet effet, tout cela pour dire qu’aucun sit-in, manifestation ou mouvement de colère – comme vous avez l’habitude de les qualifier – ne seront pas tolérés et les forces du maintien de l’ordre ont reçu des instructions claires, interdire tout rassemblement, en respectant les lois de la République. Je pense qu’il est temps de privilégier le dialogue et les négociations au lieu de sortir dans la rue, je le réitère toutes les voies du dialoguesont ouvertes», nous a annoncé une source proche du cabinet du ministre de l’Intérieur. Et des mesures, le gouvernement en réserve à satiété, à en croire nos sources, à commencer par le logement.

Alger, hermétique durant une semaine

Alger connaîtra à partir de demain sa plus grosse opération de logement depuis l’indépendance, quelque 3000 familles algéroises habitant des logements de fortune ou précaires, et celles des chalets du séisme de 2003 seront relogées dans des cités nouvellement construites, éparpillées dans la banlieue d’Alger. Pour ce faire, Alger sera quadrillée par un important dispositif sécuritaire qui s’ajoutera à celui déjà mis en place. «Les cités connaîtront durant les quatre prochains jours cette opération de relogement, un déploiement des forces du maintien de l’ordre et les issues seront fermées. Les entrée et les sorties dans ces cités seront contrôlées afin de parer à d’éventuels mouvements de protestation des familles non bénéficiaires et des intrus. Les précédentes opérations ont été riches en enseignements, nous ne pouvons plus renouveler ces expériences», nous explique une source à la DGSN. Allusion aux troubles qu’ont connus certaines localités du pays avant le Ramadhan. Notamment celle d’Alger, à l’image de Diar El Kef, Diar El Mahçoul, Diar Echemss, Baraki, Les Palmiers de Bachdjerrah… Les autres wilayas suivront dans les prochains jours ; Constantine et Oran seront les prochaines.

Marchés informels, en attendant la régularisation

Concernant la problématique des marchés anarchiques installés un peu partout dans le pays, notamment ceux des grandes villes, à leur tête Alger, les autorités locales ont été instruites pour procéder immédiatement à la distribution des 100 locaux promis par le président Bouteflika pour chaque commune. La création de marchés de proximité réglementés sera également, selon nos sources, «la priorité tracée par le gouvernement pour réglementer ces marchés anarchiques et permettre une meilleure réorganisation de l’espace public et le retour au calme. Car depuis janvier dernier, nous avons observé que ces étals sont devenus une source de nuisances et de troubles jusqu’à enclencher des émeutes». Les autorités locales sont tenues de trouver, en l’espace d’un mois, des assiettes foncières pour installer ces nouveaux marchés et procéder au recensement des vendeurs informels pour leur régularisation, des mesures fiscales – exonération d’impôt – ont été aussi prises à leur profit. «Cela permettra de créer de l’emploi pour le fonctionnement de ces marchés», assure notre source des services du Premier ministre.

L’huile et le sucre…à table

Les mesures prises au lendemain des émeutes de janvier dernier, lors du Conseil des ministres, seront reconduites. Les exonérations d’impôts et autres encouragements fiscaux aux profits des producteurs et surtout des importateurs ont été consolidées dans la loi de finances complémentaires 2011. Ainsi, les pouvoirs considèrent ces deux produits de première nécessité comme étant la source n°1 des mouvements de contestation, même si sur le terrain, rien ne l’a prouvé. Les conclusions du rapport de l’enquête parlementaire diligentée en avril dernier n’ont pas été rendues publiques «à la demande du gouvernement», affirme une source. Pour d’autres, le rapport pondu par la commission d’enquête parlementaire n’est qu’un règlement de comptes, les visées renseignent sur le profil de certains députés affairistes à la solde du pouvoir, selon des députés issus de l’Alliance présidentielle elle-même.

Métro…faut qu’il roule

Amar Tou, ministre des Transports, devrait impérativement faire marcher le métro à la date annoncée, soit le 31 octobre prochain. La raison, faire oublier aux Algérois leur désarroi quotidien, la capitale manque cruellement de moyens de transport et le secteur connaît une anarchie en plus du dispositif sécuritaire qui étouffe la vie des habitants et des voyageurs. Le lancement du métro d’Alger après trente ans de travaux constitue une chance inespérée au pouvoir pour redorer son blason. L’ENTV et les autres médias publics ou privés proches du pouvoir seront mis à contribution pour amplifier l’événement. Ainsi le lancement sera inscrit dans les injazat (réalisations) du président Bouteflika.

Des billets à volonté

Le ministre des PTIC semble avoir trouvé la solution pour endiguer la crise de liquidités qui perdure depuis des mois. Il a annoncé la création prochaine d’une banque postale qui permettrait, selon lui, de recycler l’argent des épargnants dans le circuit courant, ainsi les citoyens seront à la fois les principaux pourvoyeurs de liquidités et les premiers bénéficiaires. Selon le gouverneur de la Banque d’Algérie, les ménages épargnent plus que les gros comptes. Un déséquilibre qui s’ajoute aux nombreuses anomalies constatées dans le système financier algérien. Le gouvernement avait aussi annoncé qu’un système interbancaire reliant la poste allait être mis en place. Il permettrait d’assurer l’argent dans toutes les agences à travers le pays.

Certaines banques et agences postales continuent toujours de refuser l’octroi de somme dépassant les 50 000 DA pour les banques et 20 000 pour les bureaux de poste. Autre solution envisagée et médiatisée ces derniers temps, la généralisation du paiement par carte et le paiement électronique. Une campagne médiatique sera incessamment lancée, selon nos sources, pour promouvoir les bienfaits du paiement par carte. En attendant, les TPE (terminaux de paiements électroniques) n’ont pas encore vu le jour dans les agences de Sonelgaz et de l’Algérienne des eaux, ni d’ailleurs dans les grandes surfaces.

Vite, vite distribuez les cartables !

Pour la deuxième année consécutive, la rentrée scolaire coïncide avec la fin de Ramadhan et l’Aïd El Fitr, un mois de forte consommation où le budget des ménages est lessivé. En plus de l’enveloppe supplémentaire octroyée par les pouvoirs publics pour parer aux dépenses des familles démunies, selon plusieurs sources, les autorités ont demandé aux entreprises publiques et privées de procéder immédiatement «à la distribution de cartables et autres fournitures scolaires aux employés dans le cadre des œuvres sociales», atteste une source à la wilaya d’Alger. Certaines grandes entreprises, à l’image des opérateurs de téléphonie mobile, et les grands industriels, tel Cevital, ont été priées de contribuer à «l’effort et à la solidarité nationale» pour une rentrée scolaire confortable. Certains grands commerçants ont été aussi sollicités pour participer à l’opération cartable et fournitures pour chaque écolier, dont le nombre a atteint les 8 millions cette année.

«Le maire m’a demandé de participer à la campagne de solidarité au profit des familles démunies pour l’achat de fournitures, tabliers et cartables, ce que j’ai accepté sur-le-champ et j’ai même sollicité d’autres amis pour ce faire», confie un gros commerçant de Sétif. Même le ministère des Affaires religieuses a été mis à contribution pour réussir l’opération et «calmer ainsi les esprits», «les associations à caractère social et religieux en plus des zaouïas seront de la partie pour venir en aide aux familles nécessiteuses. Nous avons commencé le recensement avant Ramadhan. La même liste des familles qui ont bénéficié du couffin de Ramadhan sera reconduite. Maintenant l’opération est entre les mains de la société civile», révèle une source proche du ministère des Affaires religieuses et des Wakf.Le ministère de l’Education nationale et celui de la Solidarité nationale travailleront ensemble pour distribuer les dons et autres allocations prévus par la loi de finances 2011

Des emplois… à gogo

Tout pour endiguer la crise qui se profile, les chômeurs du Sud, à en croire nos sources, devraient attendre leur tour devant les bureaux de main-d’œuvre au lieu d’observer des sit-in devant les sièges des daïras et des wilayas de Laghouat et de Ouargla. C’est ce qu’a indiqué en tout cas notre source au Palais du gouvernement. «Le gouvernement a ordonné aux différentes entreprises du Sud, notamment dans les régions pétrolières, de recruter pas moins de 22 000 chômeurs locaux dans le cadre des différentes formules de soutien à l’emploi de jeunes décidées par le président Bouteflika lors du Conseil des ministres du mois de février.»
Pour les autres wilayas, l’Ansej demeurera la Mecque des chômeurs après le succès atteint le premier semestre de 2011. Les pouvoirs publics ont donc décidé des rallonges budgétaires au profit des différentes antennes de l’Ansej à travers le territoire national. Oran vient de bénéficier d’une enveloppe supplémentaire de 27 milliards de dinars.

Education

La rentrée sociale 2011-2012 s’annonce chaude, si l’on se réfère aux appels aux mouvements de protestation, lancé par les différents syndicats du secteur de l’Education. Et c’est la Coordination nationale des intendants du secteur de l’éducation nationale affiliée à l’UGTA qui ouvrira le bal avec une grève nationale reconductible pendant les trois premières semaines de l’année scolaire, à savoir, les 5,6,7,12,13,14 et 19,20,21 septembre. Les grévistes réitéreront les points constituant la plateforme mise en place le 21 février dernier. Les intendants ne s’arrêteront pas à cette action, puisqu’ils prévoient également de tenir un rassemblement devant les différentes directions de l’éducation à travers le pays, le 11 du moins courant, et ce, pour dénoncer, entre autres, l’écart entre les salaires des travailleurs de l’éducation, par rapport aux autres secteurs.

Le dossier des services sociaux figure également sur la liste des doléances de la coordination. De son côté, le Syndicat national des travailleurs de l’éducation (SNTE) indique, dans un communiqué, que les représentants des 31 wilayas ont convenu, lors de la dernière réunion du 23 juillet, d’observer un débrayage le 11 septembre à partir de 9h devant le ministère de l’Education. Le SNTE tient à rappeler ses principales revendications qui tournent autour de la révision du statut particulier avec une classification de ce corps à la catégorie 10 et la révision de la gestion des œuvres sociales.

Zouheir Aït Mouhoub , Lamia Tagzout