mardi 11 janvier 2011

Pour 100% des musulmans, les sondages sont plutôt une menace

Réflexions sur la construction médiatique de l’islamophobie





Pierre Tevanian
Lundi 10 Janvier 2011

Pour 100% des musulmans, les sondages sont plutôt une menace

Pour 42% des Français, la « présence musulmane » est « plutôt une menace » : c’est ce que vient de nous apprendre un sondage réalisé par l’IFOP pour le journal Le Monde. On a raison de s’en alarmer, mais pas d’être étonné-e : l’islamophobie progresse, ou plus précisément elle s’épanouit, se lâche, s’exprime en toute bonne conscience. Par voix de sondage pour les 340 personnes (42% des 809 sondés) qui ont accepté de répondre aux questions bêtes et méchantes de l’IFOP et de choisir la plus violente des réponses proposées, mais aussi de mille autres manières, au quotidien : regards hostiles, propos injurieux, discriminations… Sans parler des formes les plus haut-de-gamme, celles qui précèdent, préparent et légitiment toutes les autres : la stigmatisation politique, éditocratique, journalistique… et sondagière.




Il est bon de le rappeler : les sondages sont rarement neutres. Tous les scientifiques le savent : un instrument d’observation peut avoir un impact sur la réalité qu’il est censé enregistrer de manière objective, et même produire cette réalité – et c’est par excellence le cas des sondages d’opinion [1].
C’est le cas, tout particulièrement, du sondage de l’IFOP, pour la simple raison, d’abord, que ce sondage est performatif : le simple fait de poser la question d’une éventuelle « menace islamique » contribue à semer le doute, inquiéter, et donc donner consistance à ladite menace. Chacun-e a déjà pu l’expérimenter : le meilleur moyen de susciter la peur dans une situation anodine, par exemple à la tombée du jour ou en cas de coupure de courant, est de poser la question de la peur. Que l’on demande « Tu as peur ? » ou qu’on affirme « Moi je n’ai pas peur », ou même qu’on déclare qu’« Il n’y a aucune raison d’avoir peur », le message implicite est le même : « Tu pourrais avoir peur », et il y a donc bien, en réalité, des raisons d’avoir peur.
Texte
Le sondage de l’IFOP est d’autant plus anxiogène qu’il ne dit pas, loin s’en faut, qu’il n’y a aucune raison d’avoir peur. Par les mots qu’il utilise, il construit au contraire, de manière discrète mais d’autant plus pernicieuse, une scène belliqueuse sur laquelle s’opposent d’un côté « la France », « notre pays », et de l’autre la spectrale « présence » d’une étrange « communauté musulmane » :
« Diriez-vous que la présence d’une communauté musulmane en France est :
- plutôt une menace pour l’identité de notre pays ;
- plutôt un facteur d’enrichissement culturel pour notre pays ;
- ni l’un ni l’autre. »
Aucun de ces mots n’est neutre. Parler d’une « communauté musulmane », tout d’abord, c’est immanquablement suggérer que les musulmans n’appartiennent pas à la communauté nationale, ou pas vraiment, ou pas loyalement : ce qui est faux et tendancieux – la plupart des musulmans vivant en France étant français, et rien (sinon le racisme) ne permettant de préjuger de leur manière d’être français.
Quant au mot « présence », il réactive, sous une forme à peine euphémisée, le sinistre « occupation » de Marine Le Pen qui a fait la une ces dernières semaines, en suggérant que ladite communauté musulmane forme un corps étranger, n’entretenant pas ou peu de relations avec le reste du pays. Ce qui, là encore, est tout simplement faux : les musulmans sont parfaitement intégrés dans la société française, fût-ce à des places subalternes dans la division du travail, et à la place du mort – je veux dire du bouc émissaire – dans le jeu politique et l’espace médiatique.
Cette inquiétante étrangeté de « la communauté musulmane » est ensuite opposée à « l’identité » du pays, ce qui achève de dicter « la bonne réponse » – en tout cas pour toute personne qui, dans la temporalité TGV des questions-réponses de l’IFOP, reste dans le vague et dans l’abstrait : à l’évidence, l’Autre s’oppose à l’Identique, donc oui, l’Autre musulman ne peut que menacer l’Identité française.
Et pour celles et ceux qui ne l’auraient pas compris, la France est rebaptisée « notre pays », sous-entendu : « pas le leur » – ce qui là encore est aussi faux que tendancieux. Non seulement parce que la majorité des musulmans de France sont de nationalité française, mais aussi parce que des résidents étrangers peuvent tout aussi légitimement, dès lors qu’ils y ont élu domicile, considérer la France comme leur pays.
Enfin, la structure binaire plutôt.../plutôt... construit de toutes pièces une alternative tout à fait fallacieuse : l’Islam serait soit une menace, soit un enrichissement. La question laisse il est vrai la possibilité de répondre « Ni l’un ni l’autre », mais sans donner aucun contenu substantiel un tant soit peu précis et concret à ce « Ni l’un ni l’autre » – alors que, de facto, l’Islam peut représenter, pour un musulman comme pour un non-musulman, mille autres choses qu’une menace identitaire ou un enrichissement culturel.
Hors-texte
Une réponse, par exemple, n’est pas proposée, alors qu’elle aurait sans doute pu recueillir un nombre conséquent de suffrages :
« L’Islam ne représente absolument rien pour moi. Je ne connais pas, et j’ai bien d’autres chats à fouetter. »
Ou encore celle-ci :
« l’Islam, pour moi, est une religion parmi d’autres, à laquelle on pourrait peut-être commencer à lâcher la grappe ».
D’autres réponses assez basiques ne sont pas proposées, par exemple celle-ci :
« La communauté musulmane n’existe pas, cette expression ne veut rien dire, on ne peut pas mettre tous les musulmans dans le même sac. »
Ou encore celle-ci :
« Les musulmans ne forment pas une communauté, ils sont différents les uns des autres, exactement comme les non-musulmans sont différents entre eux. »
Mille autres réponses possibles peuvent être imaginées, et en particulier des réponses non-racistes. En ne les proposant pas, en imposant une fausse alternative entre enrichissement culturel et menace identitaire, le sondage de l’IFOP maximise – c’est arithmétique – les chances pour la réponse raciste de casser la baraque : pour tous ceux qui n’éprouvent pas de sympathie ou de curiosité particulière à l’égard de « la culture musulmane », pour tous ceux qui se contrefoutent de la problématique de l’« enrichissement culturel », pour tous ceux qui, tout simplement, ne voient pas ce que ces mots au fond très vagues peuvent bien signifier, il ne reste plus que :
- le refus de répondre, qui est la plus sage des réactions, mais que l’orgueil humain et le plaisir d’être pour une fois entendu nous poussent bien souvent à ne même pas envisager [2] ;
- le vague et peu engageant « Ni l’un ni l’autre » ;
- la première réponse, « la bonne », qui a pour elle l’apparente évidence de la tautologie : l’altérité (musulmane) menace l’identité (nationale).
En caricaturant à peine, je serais tenté de conclure que la question manifeste – « Diriez-vous que l’Islam est une menace ? » – recouvre une question latente et subliminale, nécessairement entendue par les sondés :
« Savez-vous que l’Islam est une menace ? » [3]
Ce à quoi 340 personnes sur 809 ont donc accepté d’acquiescer. Il ne s’agit pas en disant cela d’exonérer lesdits 340 de toute responsabilité : il y a après tout 469 autres sondés qui n’ont pas joué le jeu, et même davantage si l’on songe aux refus de répondre – toujours effacés soigneusement des résultats publiés par des instituts de sondage soucieux de nous convaincre que leurs questions idiotes et orientées passionnent tous les Français.
Il s’agit plutôt de souligner que les 340 racistes déclarés ne portent pas l’entière responsabilité de leur « opinion », et que les experts en blouse blanche de l’IFOP n’ont pas seulement « enregistré » cette immondice mais l’ont aussi légitimée, en mettant ces réponses racistes au coeur du débat public, et co-produite, en allant poser à des gens qui n’en demandaient pas tant une question qui est tout sauf neutre – puisqu’aussi bien un milliard d’autres menaces virtuelles (ou, pour certaines, bien réelles) ne sont jamais (ou très rarement) mises sur le tapis sondagier : la menace par exemple que pourrait représenter le catholicisme, le judaïsme, le bouddhisme, le libéralisme, le socialisme, le romantisme, le cubisme, le scoutisme, l’athlétisme, l’alcoolisme, le tabagisme, le tourisme, l’échangisme, le journalisme, l’éditorialisme ou… les sondages eux-mêmes !
Contexte
Il ne s’agit pas non plus de faire des sondeurs les seuls « engraineurs », ni même les principaux. L’effet performatif de la question de la menace n’atteint ici sa pleine efficience que parce que ladite question advient dans un contexte particulier, beaucoup moins anodin que la tombée du jour ou une coupure de courant, et beaucoup plus anxiogène : elle ponctue un flot quotidien et ininterrompu d’invectives politiques, de tribunes injurieuses, d’éditoriaux alarmistes et de faits divers dramatisés qui ont, depuis le 11 septembre 2001 et plus encore ces derniers mois, fait de l’Islam la figure par excellence de la menace. Moyennant quoi les sondés savent inconsciemment, lorsque la question leur est enfin posée, quelle est la bonne réponse – celle qu’il convient d’apporter pour donner à son interlocuteur aussi bien qu’à soi-même l’image d’un citoyen responsable, informé, lucide, bref : « averti ».
Cet alliage explosif bruit médiatique + sondages et sa force de suggestion ne sont pas de pures conjectures sorties de mon cerveau paranoïaque : n’importe quel-le psychologue, n’importe quel-le sociologue, sait que l’expression d’une opinion n’est pas un phénomème simple et strictement individuel, mais au contraire une interaction, dans laquelle se jouent de manière largement inconsciente des rapports de pouvoir, des stratégies de distinction et de présentation de soi, des questions d’image, de confiance, de légitimité… Ces phénomènes ont d’ailleurs maintes fois été vérifiés, à chaque fois par exemple qu’on a eu la bonne idée de comparer plusieurs sondages, portant sur les mêmes objets mais formulés différemment – et notamment lorsqu’on a comparé des sondages-standard, proposant une formulation hyper-générale sur un « sujet de société » ayant fait l’objet d’un matraquage médiatique, avec des enquêtes beaucoup plus rares renvoyant les sondés à leur propre individualité, leur propre vécu et leur propre ressenti :
- une enquête parue dans L’Humanité en novembre 2002 a par exemple fait apparaître que des sondés pouvaient faire de « l’insécurité » le plus préoccupant des « problèmes », devant neuf autres « problèmes » énoncés (comme l’emploi, les retraites, l’éducation ou la santé), et faire de « l’insécurité dans mon quartier et ma ville » le problème le moins préoccupant, très loin derrière « mon emploi », « ma retraite », « ma santé » ou « l’éducation de mes enfants » [4].
- en avril dernier, un même sondage nous apprenait que 66% des jeunes de 15 à 24 ans estimaient, quand ils étaient interrogés sur « l’autorité en général », que les parents n’en avaient « pas assez », mais que ces mêmes jeunes étaient 89% à estimer que leurs propres parents avaient « suffisamment d’autorité » sur eux.
Qu’est-ce à dire ? Tout simplement que nous sommes capables d’oublier nos propres vies, nos propres expériences, nos propres griefs et nos propres inquiétudes, dès que nous nous trouvons en situation d’avoir à exprimer « une opinion » sur un « problème de société » médiatiquement homologué, et qu’alors nos réponses consistent essentiellement à montrer que nous savons « ce que tout le monde sait » – qui n’est rien d’autre que ce que la télévision nous a appris.
C’est ce phénomène qui explique qu’une même « opinion publique » peut, tour à tour et dans un très court intervalle, se montrer par sondages
- impitoyablement sécuritaire et répressive au lendemain d’un crime atroce qui a fait la une du 20H ;
- formidablement humaniste et protestataire, capable d’une forte compassion avec des taulards après deux semaines de médiatisation d’un livre dénonçant les conditions de vie dans les prisons [5].
Moyennant quoi le 42% de l’IFOP sur la « menace islamique », comme tous les résultats de sondages, ne nous apprend rien de précis sur le for intérieur, l’intime conviction ou le ressenti profond des Français, et pas davantage sur leurs doutes, leurs contradictions et leurs tiraillements intérieurs, mais nous renseigne en revanche de manière infaillible sur le contenu des magazines, des JT et des talk-shows – et donc sur les préoccupations, les stratégies ou les fantasmes de la petite élite sociale et politique qui décide de ce contenu.

Moyennant quoi, aussi, on pourrait imaginer un contre-point rassurant au sondage ignoble de l’IFOP, qui nous ferait descendre bien en-dessous de ce terrifiant 42% – un sondage par exemple qui demanderait :
« Avez-vous déjà été menacé par un musulman ou une musulmane ? »
Ou même, puisque c’est le « ressenti » des Français que prétendent recueillir les sondeurs :
« Vous êtes-vous déjà senti-e menacé-e par des musulmans ou des musulmanes ? »
Ou encore : un sondage qui demanderait à chacun-e si il ou elle a déjà eu souvent, régulièrement, rarement ou jamais, à se plaindre du comportement d’un musulman, mais aussi d’un catholique, d’un policier, d’un employé de guichet, d’un propriétaire, d’un employeur ou d’un supérieur hiérarchique. Nul doute que la « menace islamique », telle que « les Français » la « ressentent », s’en trouverait pour le moins relativisée.
Effets
Je le répète, mon propos n’est pas ici d’innocenter à tout prix les 340 racistes anonymes que l’IFOP vient d’élever au rang de « stars d’un jour » : même chauffés à blanc – c’est le cas de le dire – par des médias et des sondeurs zélés, ils portent la responsabilité d’un consentement qu’ils étaient fortement incités à donner, mais pas absolument obligés. Il s’agit simplement de souligner l’écrasante responsabilité de tous ceux qui, en amont, ont produit, attisé et légitimé ce racisme.
Mon propos n’est pas davantage d’opposer les salauds qu’acceptent de devenir les sondés quand on leur pose une question générale au chic type qu’ils redeviennent immédiatement quand on les renvoie à leur propre vie, dans leur propre ville, avec leurs propres collègues ou voisins musulmans. Les choses sont malheureusement plus complexes, dialectiques, dynamiques – et là encore performatives : si une même personne peut dire au même instant t que « l’Islam est une menace » et qu’elle n’a jamais rien eu à reprocher à un musulman, le premier énoncé finit par produire un effet sur la seconde problématique.
Je m’explique : entendre tous les jours que l’Islam est une menace, entendre un jour que 42% des Français le pensent, être amené soi-même à prononcer cette phrase magique, tout cela transforme une subjectivité, engendre des comportements (par exemple des réflexes de méfiance ou de défiance face à toute « manifestation ostensible d’islamité ») et bouleverse donc les interactions futures avec des musulman-e-s de chair et d’os. Pour être plus concret : à force d’entendre, puis de dire soi-même, que l’Islam est une menace, on finit qu’on le veuille ou non, qu’on le sente ou non, par adopter vis-à-vis des musulman-e-s qu’on croise une attitude hostile, distante, craintive ou méprisante, que lesdit-e-s musulman-e-s ne peuvent que ressentir, à laquelle ils ou elles ne peuvent que réagir – et à laquelle ils ne peuvent réagir que d’une manière vive qui sera à son tour décryptée par notre bon français comme la preuve que, décidément, « l’Islam est une menace ». Avec en prime, cette fois-ci, une « expérience » à faire valoir si d’aventure on le sonde sur son rapport personnel avec des musulmans réels.
Système
Voilà dans quels cercles vicieux nous ont enfermés plusieurs années de journalisme racoleur et tendancieux (sur « la poussée fondamentaliste », « les filières terroristes » et « les reculs de la laïcité »), d’éditorialisme belliqueux (sur « la défense du modèle républicain »), d’opérations idéologiques (sur « l’identité nationale », « les tournantes » et « les cités du mâle ») et de législations d’exception (sur « le voile » en 2004, sur « la burqa » en 2010).
Les 340 racistes anonymes de l’IFOP ne sont en somme que la toute petite partie émergée d’un immense iceberg : c’est tout un système qui porte aujourd’hui l’idée que « l’Islam est une menace ». Un système dont les agents – conscients ou pas – sont des ministres, des partis de droite, des partis de gauche, des patrons de presse, des intellectuels, des journalistes… et des sondeurs. Un système qui a ses petites mains mais aussi ses Grands Commis : Yves Calvi, Christophe Barbier, Éric Zemmour, Élisabeth Lévy, Caroline Fourest, Alain Finkielkraut, Élisabeth Badinter, Fadela Amara, Sihem Habchi, Abdennour Bidar, Abdelwahab Meddeb, Michel Onfray, Philippe Val, Robert Redeker, Claude Lanzmann et Bernard-Henri Lévy… Un système qui constitue, pour le coup, une véritable menace – pour la démocratie, pour la paix civile, mais plus directement, plus immédiatement, plus durement, pour les musulmans.
Est-il encore temps d’enrayer cette machine infernale ? Y-a-t-il encore une gauche pour rompre clairement avec cette dynamique, plutôt que « refuser-la-haine-de-l’autre-tout-en-restant-à-l’écoute-de-l’inquiétude-des-Français » ? Les musulmans doivent-ils ne plus compter que sur eux-mêmes et une poignée d’islamogauchistes ? Faut-il agir sur le terrain juridique, politique, social, culturel, à l’échelle locale, nationale, internationale ? Je n’ai évidemment pas la réponse – mais une chose est sûre : la propagande islamophobe bat son plein et porte ses fruits, les injures, violences et discriminations sont quotidiennes, et l’histoire nous a appris que tout cela peut, si on laisse faire, aller encore plus loin.





P.-S.

Sur le même sujet :
Thomas Deltombe, « Un islamisme télégénique »
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Leila Belkacem, « Élisabeth, la crèche et la voilée »
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Ismahane Chouder, Malika Latrèche, Pierre Tevanian, « Les filles voilées parlent »
Mariame, « Marianne, ta tenue n’est pas laïque ! »



Notes

[1] Cf. aussi Collectif Les mots sont importants, « État de l’opinion ou opinion de l’État ? ».


[2] Et qui, lorsqu’on l’a envisagé et pratiqué, n’est de toute façon pas comptabilisé !


[3] De même que, symétriquement, l’autre hypothèse recouvre sous une forme manifeste – « Diriez-vous que l’Islam est un facteur d’enrichissement culturel ? » – une question latente et subliminale :
« Vous ne croyez tout de même pas que l’Islam est un facteur d’enrichissement culturel ?!! »


[4] Les sondés étaient 80% à qualifier l’insécurité urbaine de « préoccupante », mais seulement 19% à se déclarer « plutôt » ou « très insatisfaits » de la sécurité dans leur quartier et leur ville – contre 81% de « plutôt » ou « très satisfaits » ! Pour une analyse critique des sondages sur l’insécurité, cf. Pierre Tevanian, « La France d’en bas n’a rien demandé ».


[5] Ce qui se produisit en janvier 2000, après la parution du livre de Véronique Vasseur, Médecin Chef à la prison de la Santé.







Lundi 10 Janvier 2011

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dimanche 9 janvier 2011



La partition du Soudan, nouvel épisode du serial américain
NADA RAAD 7

09/01/2011
Qui profite de la partition du Soudan ? Malgré les dernières initiatives de réconciliation entre le Nord et le Sud de ce plus vaste pays d'Afrique (10ème rang mondial), comme l’initiative égypto-libyenne, l’initiative nigérienne, ou celle du Cheikh Zayed et d’autres efforts visant à faire régner la paix au Soudan, d’aucuns ont insisté à les rejeter en bloc et à ouvrir les portes du pays devant les Etats-Unis!

Et comme les Etats-Unis sont connus pour leur souci de préserver l’unité des pays du monde, ils n’ont pas raté l’opportunité de mettre la main encore plus sur cet important pays pétrolier dont la production en or noir est estimée à 500.000 barils par jour.

Sur un autre plan, la Cour Pénale Internationale et derrière elle Washington et les grands pays européens qui prêchaient jour et nuit pour juger le président soudanais Omar el Béchir pour génocide et crimes de guerre, ont changé de cap, et soudainement, les grandes puissances ne sont plus intéressées de traduire en justice « le responsable de la mort des millions de personnes au cours de la guerre civile qui a ravagé le pays », comme le prétendaient-elles.

En échange de l’acceptation (ou la résignation) d’el Béchir de la partition du Soudan, révèlent des rapports américains, la communauté internationale renoncera à sa poursuite judiciaire, et plus encore, elle diminuera, et peut-être annulera, les dettes de ce pays !

Voilà comment le jeu politique international se joue contre les pays du tiers monde : Pétrole contre nourriture comme ce fut le cas en Irak, Terre contre Paix comme en Palestine occupée, et aujourd’hui nous assistons à la nouvelle équation au Soudan : Partition contre Présidence ou Partition contre acquittement de dettes !

Sur le terrain, les Soudanais du Sud voient dans la partition de leur pays l’avènement de la liberté. « Nous avons combattu pendant trop d'années, mais aujourd'hui ce vote pour la séparation est aussi un vote pour la paix. Le soleil se lèvera bientôt sur un Sud-Soudan libre", lance l’un des électeurs, à l’instar de milliers d’autres qui ont attendu toute la nuit devant les bureaux de votes pour participer au référendum.

Dans le sud Soudan, la majorité de ces afro-chrétiens sont analphabètes. Pour pouvoir voter, les organisateurs ont associé au bulletin de vote un signe à chaque option: une poignée de main pour l'unité et une main ouverte pour la sécession.

C’est ainsi qu’un peuple ruiné par la misère et leurré par les slogans de la liberté choisit la sécession de son pays, aspirant à la fin d’une vie infernale. Toutefois, personne ne peut prévoir les conséquences d’une telle décision.

Personne, sauf les Américains bien entendu, plus enthousiastes que les Soudanais à voir le pays du pétrole déchiqueté en morceaux. Déjà, le Président américain suit de près les événements, malgré les longues distances qui séparent les deux pays. "Maintenant, le monde observe, rassemblé dans sa détermination à s'assurer que toutes les parties au Soudan souscrivent à leurs obligations. Alors que le référendum se tient, les électeurs doivent avoir accès aux bureaux de vote et pouvoir voter sans intimidation", a déclaré Obama dans une tribune publiée dans le New York Times.

"Toutes les parties doivent s'abstenir de rhétorique enflammée ou d'actions de provocation qui pourraient aviver les tensions ou empêcher les électeurs d'exprimer leur choix", a-t-il ajouté.

Présent à Juba pour s’assurer bien entendu que le référendum se tient dans une atmosphère démocratique, qualité héréditaire chez les descendants de l’oncle Sam, le sénateur américain John Kerry a salué « le début d’un nouveau chapitre dans l'Histoire du Soudan, un chapitre très important ». « Je suis plein d'espoir. C'était formidable de voir Salva Kiir voter aujourd'hui. C'est la culmination de négociations difficiles et de plusieurs obstacles qui ont dû être levés", a-t-il dit à la presse.

"Si le Sud devient indépendant, il y aura beaucoup de travail à faire parce que ce sera la naissance d'un nouveau pays. Le Nord et le Sud peuvent compter sur notre soutien", a lancé de son côté l'émissaire américain Scott Gration.

Certes les Soudanais peuvent compter sur votre soutien, M. Gration. Déjà votre soutien a porté ses fruits. Dorénavant, il y aura « deux Soudan », et peut-être on accordera le mot Soudan au pluriel aussi ! Mais ce n’est que le début, d’autres pays du Moyen-Orient attendent également leur tour. Là où les Américains fourrent le nez, le virus de la sécession y sera transmis.